Il me la posait inlassablement, il me l’assenait sans repit, jusqu’a ce que l’echo s’amplifie pour ne plus former qu’un seul grondement de tonnerre et que je me trouve sans reponse a Lui donner, tout seul sur un plateau polaire, essayant vainement d’agripper un univers delaisse par ses dieux, me disant : J’ai fait couler le sang de mes amis, et pour quoi ? Et pour quoi ? Pour ca ? Mais je sentis les forces me revenir, et je hurlai ma reponse a Sa derision, je m’ecriai que j’avais retrouve ma foi, que j’etais sur parce que j’etais sur. « Je crois ! Je crois ! Je Te denie Ta Victoire ! » Et je me donnai la vision de ma propre image marchant dans les avenues etincelantes de distants lendemains, arpentant les sables de planetes lointaines, embrassant le courant des annees. Et j’eclatai de rire, et il eclata de rire aussi ; Son rire couvrait le mien, mais ma foi ne flechissait pas, et, finalement, c’est Lui qui cessa de rire le premier.

Puis je me retrouvai assis, la gorge rauque, tremblant, devant le masque de mosaique. Les metamorphoses etaient finies. Le temps des visions etait passe. Je lancai au masque un regard mefiant, mais il resta tel qu’il etait. Tres bien. J’explorai mon ame, et je n’y trouvai aucun residu de doute. Cette conflagration finale avait detruit toutes les dernieres impuretes. Parfait. Je me levai, quittai ma chambre et traversai le corridor vers cette partie du batiment ou les poutres seules font une barriere contre le ciel ouvert. Levant la tete, je vis un enorme faucon qui decrivait des cercles loin au-dessus de moi dans l’immensite du ciel bleu. Faucon, tu periras, et je vivrai. De cela, je n’ai aucun doute. Je regagnai le corridor et j’arrivai dans la salle ou nous tenions nos reunions avec frater Antony. Le frater et Ned etaient deja la, mais ils paraissaient m’avoir attendu, car le pendentif etait toujours autour du cou de frater Antony. Ned me sourit, et le frater hocha la tete. Nous comprenons, semblaient-ils me dire. Nous comprenons. Il arrive qu’il y ait des tempetes. Je m’agenouillai a cote de Ned. Frater Antony ota son pendentif et placa le petit crane de jade devant nous sur le sol. La vie eternelle nous t’offrons. « Projetons la vision interieure sur le symbole que nous avons ici », declara doucement frater Antony. Oui, Oui. Joyeusement, plein d’esperance et de certitude, je m’abandonnai au Crane et a ses Gardiens.

FIN
,

Notes

1

Monstre de la mythologie Scandinave (N.d.T.).

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