<Предисловие к переводу «Украинских народных рассказов» Марка Вовчка>*
Малороссийская читающая публика давно уже познакомилась с «Народными рассказами» Марка Вовчка́, и имя его стало дорогим, домашним для всех его соотечественников. Чувствовалась потребность сделать его таким же и для великорусской публики, которая не могла быть вполне довольна появившимися переводами, носившими слишком ясный отпечаток малороссийской речи. Взявшись удовлетворить этой потребности, пишущий эти строки поставил себе задачей — соблюсти в своем переводе чистоту и правильность родного языка и в то же время сохранить по возможности ту особую, наивную прелесть и поэтическую грацию, которою исполнены «Народные рассказы». Насколько удалась ему его задача — в особенности ее вторая, труднейшая часть, — остается судить благосклонному читателю.
Март, 1859.
<Предисловие к французскому переводу «Драматических произведений Александра Пушкина»>*
Lorsqu’au mois de janvier 1837, Alexandre Pouchkine périt dans un duel fatal, n’ayant pas encore trente-sept ans, il venait d’écrire à un ami: «Maintenant je sens que mon âme s’est agrandie, et que je puis enfin créer». Ces mots doivent cruellement augmenter les regrets qu’a laissés sa fin précoce et déplorable. Mais lorsqu’il les écrivait, et s’ouvrait ainsi l’espoir, hélas! aussitôt déçu, d’un bel et grand avenir, Pouchkine ne rendait pas justice à son passé. Déjà il était un grand poète; dégà il avait, sinon créé, au moins révélé aux Russes leur langue poétique. Sans doute, avec les années d’une longue vie que lui promettait sa robuste santé, avec sa merveilleuse facilité d’inventer et d’écrire, il pouvait, à lui seul, doter la Russie de toute une littérature poétique. Mais, bien qu’il fût tombé presque au seuil de sa carrière, à l’âge où tombèrent Raphaël et Mozart, cependant ses æuvres de tout genre, pieusement recueillies après sa mort, sont suffisantes, non-seulement pour lui donner le premier rang parmi les écrivains de son pays, mais aussi pour donner un rang distingué à la littérature russe parmi toutes les littératures de l’Europe.
Déjà quelques fragments des poésies lyriques de Pouchkine ont été traduits en diverses langues, et nous-mêmes avons essayé de faire passer dans la langue française un de ses meilleurs récits en prose, l’intéressante nouvelle historique qui a pour titre «la Fille du capitaine». Nous essayons aujourd’hui un travail plus important et plus difficile, celui de traduire les æuvres dramatiques de Pouchkine.
Que ce mot, toutefois, ne cause pas d’illusion. Pouchkine n’a jamais rien écrit pour la scène, pour la représentation théâtrale; il a seulement donné à quelques sujets la forme dialoguée, la forme dramatique. Tel est, en première ligne, «Boris Godounoff». C’est un drame historique évidemment. Et pourtant il ne porte pas ce titre; il n’est pas divisé en actes, pas même en scènes. Les fragments qui le composent, dans l’ordre des dates et des événements, forment comme les chapitres d’une chronique en dialogue. Ces chapitres sont généralement écrits en vers, en vers blancs non rimés, tels qu’on les trouve dans le grec ou le latin, ainsi que dans les idiomes modernes qui ont les accents poétiques, l’allemand ou l’anglais. Cependant plusieurs de ces chapitres sont écrits en prose, lorsque cette forme convient mieux au dialogue devenu familier et trivial. L’un d’eux, par exception, est écrit en petits vers rimés, pour donner à une causerie de femmes plus de grâce et de coquetterie. Nous aurons soin d’indiquer ces changements de forme en tête de chaque scène. Le drame de «Boris Godounoff» fut composé en 1825, et publié peu de temps après. Quel étonnement ce dut être parmi tous les Russes lettrés, de voir un jeune homme de vingt-cinq ans s’élever tout à coup à la forme de Shakespeare dans ses drames chroniques, lorsqu’à peine commençait de poindre en Europe ce qu’on a nommé la fi
Les petites pièces qui ont pour titre «Mozart et Saliéri» et «la Roussâlka» furent également publiées du vivant de Pouchkine. La première est, comme on le verra, une espèce d’étude psychologique qui repose sur un bruit d’empoisonnement, assez répandu à la mort presque subite de Mozart, sans autre fondement toutefois que la jalousie connue de Saliéri à l’égard d’un rival qui l’éclipsait. La seconde a pour sujet une légende populaire.
Mais l’autre petite pièce intitulée «le Baron avare» fut trouvée dans les papiers de Pouchkine après sa mort, et publiée seulement parmi ses æuvres posthumes. Quelques-uns supposent qu’il entrait dans la pensée de l’auteur de continuer ce sujet, et d’en faire un drame entier avec le personnage d’Albert. Cependant il nous semble que l’on peut fort bien trouver dans ces trois scènes une æuvre complète, une autre étude psychologique, où l’avarice, sans être moins haïssable, se montre sous une forme énergique, grandiose, poétique même, que jamais elle n’avait revêtue.
Quant au drame de «l’Invité de pierre», — qui est un nouveau «Don Juan», après ceux de Tirso de Molina, de Molière, de Mozart, de Byron, — bien qu’écrit en 1830, non-seulement Pouchkine ne l’avait pas publié à sa mort, sept ans après, mais il n’avait même jamais révélé à ses amis ni l’æuvre faite, ni le projet de la faire. Il semble ne l’avoir écrite que pour lui-même. Peut-être que, dans sa modestie sincère et non affectée, il avait eu quelque scrupule, quelque honte, de reprendre ce sujet après tant d’illustres devanciers, et d’y faire fléchir le caractère du héros, qui paraît se prendre dans ses propres filets, et mourir autrement qu’il n’avait vécu, amoureux tout de bon. Nous croyons qu’on nous saura gré de tirer aussi de ses æuvres posthumes ce puissant drame en quelques scènes, qui suppose la connaissance des drames antérieurs sur le même sujet. Ce sera permettre une intéressante comparaison, que Pouchkine, il nous semble, n’a point à redouter.
Ce n’est point à des traducteurs qu’il convient de vanter par avance les mérites de l’original. Nous ne voulons pas même faire remarquer comment Pouchkine ose, en toute circonstance, aller droit au fait, sans biais ni détours, et, suivant l’expression espagnole, comment il attaque bravement le taureau par les cornes. Nous voulons seulement rappeler combien la prose, même la prose française, et peut- être elle surtout, est impuissante à rendre avec un peu plus que l’exactitude du sens toutes les beautés d’une poésie de laquelle les Russes disent unanimement qu’elle réunit la force et l’ampleur de Corneille aux grâces et aux délicatesses de Racine. Comme aucun de nos lecteurs ne peut manquer d’avoir comparé des poésies, soit antiques soit modernes, avec la prose qui essaye de les faire passer dans notre langue, et d’avoir reconnu l’insuffisance de ces traductions, il faut, pour l’honneur de Pouchkine, que leur imagination nous vienne en aide, et s’efforce d’ajouter à notre simple canevas la broderie poétique dont nous avons forcément dépouillé ses æuvres.
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