votre herbier maint doux et cher feuillet,Vous reveillez dans sa couche embaumeeTout un Passe d'amour qui sommeillait…Tout un Passe de jeunesse et de vie,10 Tout un Passe qui ne peut s'oublier…Et dont la cendre un moment recueillieReluit encore dans ce fidele herbier…Vous y cherchez quelque debris de tige — Et tout a coup vous y trouvez deux fleurs… 15 Et dans ma main par un secret prodigeVous les voyez reprendre leurs couleurs.C'etaient deux fleurs: l'une et l'autre etait belle,D'un rouge vif, d'un eclat peu commun…La rose brille et l'oeillet etincelle,20 Tous deux baignes de flamme et de parfum…Et maintenant de ce mystere etrangeVous voudriez reconnaitre le sens…Pourquoi faut-il vous l'expliquer, cher ange?..Vous insistez. Eh bien soit, j'y consens.25 Lorsqu'une fleur, ce frele et doux prestige,Perd ses couleurs, languit et se fletrit,Que du brasier on approche sa tige,La pauvre fleur aussitot refleurit…Et c'est ainsi que toujours s'accomplissent30 Au jour fatal et reves et destins…Quand dans nos coeurs les souvenirs palissent,La Mort les fait refleurir dans ses mains…

167

* * *

Un ciel lourd que la nuit bien avant l'heure assiege,Un fleuve, bloc de glace et que l'hiver ternit — Et des filets de poussiere de neigeTourbillonnent sur des quais de granit…5 La mer se ferme enfin… Le monde recule,Le monde des vivants, orageux, tourmente…Et, bercee aux lueurs d'un vague crepuscule,Le pole attire a lui sa fidele cite…

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Lamartine

La lyre d'Apollon, cet oracle des dieux,N 'est plus entre ses mains que la harpe d'EolefEt sa pensee — un reve aile, melodieuxQui flotte dans les airs berce par sa parole.

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* * *

Comme en aimant le coeur devient pusillanime,Que de tristesse au fond et d'angoisse et d'effroi!Je dis au temps qui fuit: arrete, arrete-toi,Car le moment qui vient pourrait comme un abime5 S'ouvrir entre elle et moi.C'est la l'affreux souci, la terreur implacable,Qui pese lourdement sur mon coeur oppresse.J'ai trop vecu, trop de passe m'accable,Que du moins son amour ne soit pas du passe.

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* * *

Vous, dont on voit briller, dans les nuits azurees,L'eclat immacule, le divin element,Etoiles, gloire a vous! Splendeurs toujours sacrees!Gloire a vous qui durez incorruptiblement!5 L'homme, race ephemere et qui vit sous la nue,Qu'un seul et meme instant voit naitre et defleurir,Passe, les yeux au ciel. — Il passe et vous salue!C'est l'immortel salut de ceux qui vont mourir.

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* * *

Des premiers ans de votre vieQue j'aime a remonter le cours,Ecoutant d'une ame ravieCes recits, les memes toujours… 5 Que de fraicheur et de mystere,En remontant ces bords heureux!Quelle douce et tendre lumiereBaignait ce ciel si vaporeux! Combien la rive etait fleurie,10 Combien le flot etait plus pur!Que de suaves reveriesSe refletait dans son azur!..Quand de votre enfance incompriseVous m'avez quelque temps parle,15 Je crois sentir dans une briseGlisser comme un printemps voile…

172

* * *

«Из Микеланджело»Oui, le sommeil m'est doux! plus doux — de n'etre pas!Dans ces temps de malheur et de honte supremeNe rien voir, rien sentir, c'est la volupte meme!..Craignez de m'eveiller… de grace, parlez bas…

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* * *

Il faut qu'une porteSoit ouverte ou fermee — Vous m'embetez, ma bien-aimee,Et que le diable vous emporte.

174

E. H. Анненковой

D'une fille du Nord, chetive et languissante,Eclose a l'ombre des forets,Vous, en qui tout rayonne et tout rit et tout chante,ous voulez emprunter les traits? 5 Eh bien, pardonnez-moi mon doute involontaire,Je crains que l'on ne dise, en voyant ce tableau:'C'est l'oranger en fleur, tout baigne de lumiere,Qui veut simuler un bouleau'.

175

* * *

De ces frimas, de ces desertsLa-bas, vers cette mer qui brille,Allez-vous en, mes pauvres vers,Allez-moi saluer ma fille.

176

* * *

La vieille Hecube, helas, trop longtemps eprouvee,Apres tant de revers et de calamites,Se refugie enfin, reposee et lavee,Sous l'abri protecteur de vos jeunes bontes.

177

* * *

Lorsqu'un noble prince, en ces jours dedemerice,Decort de sa main le bourreau des chretiens, — Pourrait-on dire encore, ainsi qu'aux temps anciens:«Honny soit qui mal y pense»?

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* * *

Ah, quelle meprise — Incroyable et profonde!Ma fille rose, ma fille blondeQui veut se faire soeur grise.

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Дополнения

1. Детское стихотворение

Любезному папеньке!В сей день счастливый нежность сынаКакой бы дар принесть могла!Букет цветов? — но флора отцвела,И луг поблекнул и долина.5 Просить ли мне стихов у муз?У сердца я спрошусь.И вот что сердце мне сказало:В объятьях счастливой семьи,Нежнейший муж, отец-благотворитель,10 Друг истинный добра и бедных покровитель,Да в мире протекут драгие дни твои!Детей и подданных любовью окруженный,На лицах вкруг себя радость узришь ты.Так солнце, с горней высоты,15 С улыбкой смотрит на цветы,Его лучами оживленны.

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2. Шуточные стихотворения

Почтеннейшему имениннику

Филиппу Филипповичу Вигелю

Прими как дар любви мое изображенье,Конечно, ты его оценишь и поймешь, — Припомни лишь при сем простое изреченье:«Не по хорошу мил, а по милу
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