Dieu veuille, chère maman, que cette lettre qui doit vous parvenir la veille des fêtes* vous trouve en bonne santé. C’est une bien réelle privation pour moi que de ne pouvoir passer ces jours-ci au milieu de vous. Il y a si longtemps que cela ne m’est arrivé… Ce n’est que dans mes souvenirs d’enfance que je retrouve l’impression complète de cette grande et glorieuse fête… Quoiqu’il en soit, Христос воскрес — и Христос с вами.
Après votre santé, ce qui me préoccupe le plus, c’est votre disposition d’esprit dans le moment actuel. Je m’identifie si bien avec les chers et cruels souvenirs que ces jours-ci vous plus que jamais ravivez en vous. — Le curé d’Ovstoug l’été dernier m’a souvent parlé de ce dernier Dimanche de Pâques où il avait vu mon père assister aux offices du matin et où, je crois, vous, chère maman, vous avez été empêchée par une indisposition de vous y rendre… Que tous ces souvenirs vont vous assaillir maintenant! Que Dieu vous envoie, en retour de vos prières, force et courage pour les supporter…
Il me tarde bien de vous voir et de vous embrasser.
Que fait donc Nicolas? Est-ce qu’il a donc définitivement renoncé à venir ici? J’ai appris par
Je ne vous demande pas de m’écrire, chère maman, si cela vous fatigue… Mais faites-moi écrire par Dorothée le plus de détails possible sur vous, sur votre santé, sur vos projets, en un mot, sur tout ce qui vous concerne…
J’éprouve continuellement le besoin de me sentir rassuré sur votre compte. Je crains que vous ne vous imposiez trop de privation…
Quant à nous, j’aurais des nouvelles à vous donner qui vous intéressaient, bien certainement. Mais on cause si mal, quand on n’est pas ensemble… J’ajourne donc les détails jusqu’à notre entrevue.
Дай Бог, любезная маминька, чтобы это письмо пришло к вам в канун праздника* и нашло вас в добром здравии. Для меня настоящее лишение не иметь возможности провести эти дни вместе с вами. Этого не случалось уже так давно… Только в моих детских воспоминаниях я нахожу полное впечатление об этом великом и торжественном празднике… Как бы то ни было — Христос воскресе — и Христос с вами.
Более всего после вашего здоровья меня тревожит ваше расположение духа в эти минуты. Я так ясно ощущаю, какие дорогие и тяжелые воспоминания как никогда оживают в вас в эти дни. — Овстугский священник прошлым летом часто рассказывал мне о том, как папинька присутствовал на пасхальной заутрене, кажется, без вас, любезная маминька, поскольку вам пойти помешало недомогание… Как теперь, должно быть, вы находитесь во власти этих воспоминаний. Пошли вам Господь в награду за ваши молитвы силы и мужество их перенесть…
Мне не терпится скорее увидать и обнять вас.
Что поделывает Николушка? Неужели он окончательно отказался от мысли приехать сюда? Я известился через
Я не прошу вас писать ко мне, любезная маминька, это сишком для вас утомительно… Но велите Дашиньке сообщить мне как можно подробнее о вас, о вашем здоровье, планах, словом, обо всем, что до вас касается… Я испытываю постоянную потребность быть успокоенным на ваш счет. Боюсь, что вы лишаете себя слишком многого…
Что касается до нас, у меня, конечно, есть известия, которые были бы для вас интересны. Но так трудно говорить, когда ты не рядом… Так что я откладываю подробности до нашей встречи.
Чаадаеву П. Я., 13 апреля 1847*
St-Pétersbourg. Ce 13 avril 1847
Me voilà donc enfin en possession, cher Monsieur Чадаев, du beau cadeau que votre amitié a bien voulu me faire. J’en ai été flatté et touché plus que je ne puis vous le dire. En effet, moi qui ne m’attendais qu’à une modeste lithographie, je vous laisse à penser avec quelle reconnaissante surprise j’ai reçu quelque chose d’aussi complètement satisfaisant et d’aussi obligeamment personnel que le beau portrait* que vous m’avez envoyé… Je suis, pour parler la langue du pays, comme un homme qui ne s’attendait qu’à un simple Stanislas et qui se voit décoré d’une Ste-Anne au cou, en diamants… Encore une fois, agréez en mes plus sincères remerciements. Le portrait est très bien, très ressemblant et d’une ressemblance qui fait grand honneur à l’intelligence du peintre. Cette ressemblance est assez frappante pour m’avoir suggéré la réflexion qu’il y a certains types humains qui sont comme les médailles de l’humanité: tant ils paraissent avoir été frappés avec soin et intelligence par le Grand Artiste et tant ils se distinguent du type ordinaire de la monnaie courante.
Votre portrait, cher Monsieur et ami, ne m’aurait rien laissé à désirer, s’il avait pu me donner tous les renseignements que j’aimerais à avoir sur vous, sur l’état actuel de votre santé, en un mot, sur tout ce qui a rapport à votre personne physique et morale. Que serait-ce, si dans un de vos moments de loisir vous lui veniez en aide, et le mettiez à même de m’apprendre sur vous tout ce que me laisse ignorer son silence obligé… en dépit de sa ressemblance.
Les dernières nouvelles que nous avons eues de vous, nous ont été, si je ne me trompe, apportées par