âme, sur les chemins ordinaires.

A Weimar je trouvais Maltitz, seul, établi dans la maison de Goethe. Entre nous soit dit, tout cet épisode de Weimar m’a beaucoup ennuyé. La localité m’a paru abominablement triste, et l’entrevue avec Maltitz n’avait rien qui eût pu l’égayer. Je l’ai retrouvé juste au même point où je l’ai laissé il y a 4 ans. C’est toujours la même chanson. Seulement ce fond d’égoïsme qui fait le véritable fond de l’individu est devenu encore plus aigu, comme les traits d’une figure qui a vieilli. En un mot, sa société ne m’a pas fait du bien et j’aurais beaucoup donné pour pouvoir la troquer, dans le moment donné, contre celle de ton frère. Je passais la nuit à Weimar logé chez Maltitz et repartis le lendemain. Le chemin de fer s’arrête à Eisenach qui est à 24 milles de Francfort. Il fallut se résigner à prendre la diligence — et quelle diligence, bon Dieu, et cela immédiatement après le chemin de fer. — C’était le débit de Tom Have, après celui de Thiers. Exécrable diligence, va! Vingt heures pleines pour faire 24 milles.

Entre Hanau et Francfort notre carabas qui se traînait est croisé par un cabriolet. En y jetant les yeux, j’aperçois une dame, toute en noir, qui en passant à côté de nous porte son lorgnon à l’œil… C’était l’affaire d’un instant, mais cet instant avait suffi pour me faire reconnaître, dont cet inimitable mouvement du lorgnon appliqué — Madame de Cetto* — et ce qui complète pour moi la révélation, c’est que le Brochet m’a dit spontanément qu’il était sûr d’avoir reconnu le fidèle Ott dans l’homme assis sur le siège. Ce qui ajoute une vraisemblance suprême à ma conjecture, c’est que le cabriolet se dirigeait vers Hanau où quelques jours auparavant venait de s’ouvrir un nouveau tripot de jeu… Mais, si je n’ai fait que l’entrevoir cette fois, je compte bien, à mon retour à Francfort, aller la chercher, quelque tapis vert des environs, car on m’a dit qu’elle ne quitterait pas le pays avant la fin de la saison. — A Francfort où je suis descendu par méprise à l’hôtel de Russie au lieu du Römischer Kaiser, j’ai eu la satisfaction de retrouver presqu’au complet l’excellente famille Oubril*. Surprise, exclamations, accueil cordial, partie de thé arrangée au jardin, mais à laquelle un accès rhumatismal de mal de dents survenu inopinément dans la soirée m’a empêché d’assister. J’ai revu là larmoyante Madame Martchenko*, tout récemment revenue de Paris où elle avait passé l’hiver, mais comme son mari est, je crois, absent en ce moment, elle m’a paru moins élégiaque que de coutume. Quant à l’un des deux anges — l’ange Marie* est marié, je n’ai pas pu le voir. Il vient d’accoucher il y a 4 semaines. — Je n’ai point trouvé d’autres connaissances à Francfort. Joukoffsky et Gogol pour qui j’avais lettres et paquets étaient partis le jour même de mon arrivée. Ayant appris par Oubril que la Chancelière était encore à Bade, mais qu’elle allait partir le surlendemain pour Wildbad, je me décidai, en dépit de l’exhortation si prévoyante du Chancelier, de la considérer comme non avenue et me confirmai d’autant plus dans la résolution de ne pas passer par Bade que j’avais quelque raison de supposer que j’y trouverai encore Krüdener qui y était venu quelques jours auparavant. Je partis de Francfort à 1 <heure> de l’après-midi et à 7 h<eures> du soir j’étais déjà arrivé à Bade où se faisait mon entrée au moment de la grande promenade guidé par l’ami Esterhazy* que j’avais rencontré sur le chemin de fer. Il ne nous fut pas difficile de découvrir dans une allée latérale, un peu à l’écart de la foule, la Chancelière attablée en société de la femme du docteur Arendt*. La reconnaissance a été affectueuse et aimable, mais tempérée par un peu d’embarras. Bientôt après nous sommes rejoints par Mad. Chreptovitch, toujours vive et sémillante, mais dont la peau grâce au soleil bade s’est complètement bronzée. Puis vinrent les deux nièces, Mesdames Zinovieff et Stolipine*. C’était à peu près les seules Russes qu’il y eut pour le moment à Bade. La soirée fut employée à reconnaître un peu la localité dont les dames voulurent bien me faire les honneurs, puis j’allais l’achever auprès de la Chancelière à qui je promis en la quittant qu’à mon retour de Zürich j’irai, après avoir passé quelque temps à Bade, lui faire une visite à Wildbad — et c’est ce que je propose de réaliser la semaine prochaine.

Je ne restais à Zürich que deux jours que je passais au sein de la famille Krüdener, braves et excellentes gens qui m’ont fait l’accueil le plus cordial, tout en me régalant d’un thé exécrable et d’un dîner qui n’était pas bon. Les demoiselles, au nombre de trois, sœurs du <1 нрзб> sont très bien sous tous les rapports, de l’esprit, de l’instruction, un joli parler, etc…* Mais je suis fatigué de tout ce bavardage. Il faut que j’abrège. Je me hâtais de revenir à Bade dans l’impatience que j’étais d’y trouver de tes lettres. Mais ce n’est que le surlendemain de mon arrivée que j’en reçu une, celle du 6, écrite le jour où j’arrivais à Berlin et qui me fait part des inquiétudes que le gros temps et la grosse mer de Hapsal t’avait fait éprouver. Merci, ma chatte chérie. Puis, le lendemain, j’ai reçu une autre, d’une date antérieure, et maintenant je suis dans l’attente <1 нрзб> de la troisième. Ceci me fait penser que tu pourrais bien y être aussi par rapport à moi, et voilà pourquoi, sans clore cette lettre où je voulais te dire encore un volume de détails sur Bade, je l’interrompe pour te l’envoyer telle quelle, sans tarder davantage. J’ai écrit avant-hier à ton frère et attends sa réponse dans le courant de la semaine. La suite au cahier suivant.

Перевод

Баден-Баден. Четверг. 22 июля 1847

Милая моя кисанька, вчера утром я любовался местностью сквозь пролет огромного старинного полуразрушенного окна древнего баденского замка. Этот замок представляет собою очень живописные руины, которые как бы парят на высоте 1400 футов над очень живописной местностью. С одной стороны — баденская долина, с которою сливаются четыре или пять других, с другой — огромная равнина, пересекаемая Рейном, который опоясывает собою всю местность, насколько только может охватить глаз, от Страсбурга до Карлсруэ. Все это очень красиво, но когда я обернулся, чтобы заговорить с тобою — тебя рядом не оказалось… Оказывается, ты за пятьсот верст отсюда, в отвратительной дыре, именуемой Гапсалем. Оказывается, это я послал тебя туда, а ты и слышать никогда не должна была бы об этой унылой местности. А я тем временем беспечно разъезжаю по местам тебе родным с видом человека, путешествующего ради собственного удовольствия. Я считаю, что с моей стороны было совершенно неблагородно подписаться под таким соглашением. Но если ты мне не сопутствуешь лично, то преследуешь меня воспоминанием о себе, мне следовало бы даже сказать терзаешь меня, ибо это, несомненно, настоящее терзанье. Стоило приезжать сюда одному. Странное дело! Ни мир, волнующийся у меня на глазах, ни встречающиеся люди — ничто, ничто человеческое не напоминает мне о тебе. Но вижу ли я селение или, как вчера, руины, или, еще лучше, готический храм, — и тотчас же ты являешься мне, и этого достаточно, чтобы дать мне ощутить весь отвратительный кошмар разлуки. Вот места, где я особенно остро думал о тебе после того, как писал тебе из Берлина. Во-первых, во Франкфурте, затем, три дня спустя, в Цюрихе. Но там, вместо того чтобы остановиться в hôtel Baur, который неизбежно навеял бы на меня грусть, я устроился в своего рода фонаре на 4-м этаже hôtel du Lac, в настоящем волшебном фонаре, где со всех сторон открывался вид на озеро, горы, великолепное, роскошное зрелище, которым я вновь любовался с истинным умилением. — Ах, милый друг мой, что и говорить — моя западная жилка была сильно задета все эти дни. Потом, знаешь ли, где я много думал о тебе? В Базеле, хоть это чуждые и, кажется, даже незнакомые тебе места. — Был вечер. Я сидел на бревнах, у самой воды, напротив меня, на другом берегу, над скоплением остроконечных крыш и готических домишек, прилепившихся к набережной, высился базельский собор, — и все это было прикрыто пеленою листвы… Это тоже было очень красиво, а особенно Рейн, который струился у моих ног и плескал волной в темноте. Из Базеля я отправился в Страсбург, где переночевал в «Красном доме». Само собою разумеется, я не преминул передать от тебя

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