Анна*, которая обосновалась в доме
Прощайте.
Ф. Тютчев
Гагарину И. С., 10/22 июля 1836*
Munich. Ce 22 juillet 1836
Mon cher Gagarine,
Il y a deux jours je vous ai écrit pour mon propre compte. Maintenant c’est pour celui de la Comtesse Jeannette P<aumgarten>* qui vous prie de vous charger de l’incluse et de la faire parvenir en contrebande aux belles mains auxquelles elle est destinée. Tâchez de vous acquitter à votre honneur de ce petit acte de trahison. Il y a ces cas, après tout, où le but justifie les moyens, et comme dans le cas dont il s’agit c’est incontestablement Madame <Krüdener>* qui est le but de la lettre, ce but- là pourrait justifier des énormités bien plus grandes encore… Je suppose que maintenant les moments sont moins rares où l’on peut parler à notre belle amie autrement qu’entre six yeux. Que j’aimerais à la revoir dans un de ces moments-là… Jeannette et moi, nous parlons souvent d’elle, mais tout cela est vague et ne me satisfait pas. Au fait ce n’est qu’avec elle-même que j’aime à parler d’elle, car, après moi, c’est encore elle-même qui se connaît le mieux… Dites-lui de ne pas m’oublier, mon individu s’entend, rien que mon individu, qu’elle oublie tout le reste… Dites-lui que si elle m’oubliait il lui arriverait malheur… Il lui viendrait une petite ride au front ou à la joue, ou une petite mèche de cheveux gris, car ce serait une apostasie envers les souvenirs de sa jeunesse… Mon Dieu, pourquoi en a-t-on fait une constellation…* elle était si bien sur cette terre.
Adieu, mon cher Gagarine. Je me sens d’humeur à vous écrire des volumes aujourd’hui, mais la nécessité sous la figure de
Tout à vous
T. Tutchef
Мюнхен. 22 июля 1836
Любезный Гагарин,
Два дня тому назад я писал вам по собственному почину. Теперь пишу вам по поручению графини Жаннеты Паумгартен*, которая просит вас контрабандным путем доставить прилагаемое письмо в прелестные руки, коим оно предназначается. Постарайтесь с честью совершить это маленькое предательство. Ведь бывают же случаи, когда цель оправдывает средства, а так как в настоящем случае целью письма, бесспорно, является госпожа <Крюденер>*, то подобная цель может оправдать еще большие крайности… Полагаю, что теперь чаще выпадают минуты, когда с нашей прекрасной приятельницей можно беседовать не в присутствии третьего, а с глазу на глаз. Как я желал бы повидать ее в одну из таких минут… Мы с Жаннетой часто говорим о ней, но все это туманно и не удовлетворяет меня. На самом деле я только с ней люблю говорить про нее, так как после меня она сама лучше всех себя знает… Скажите ей, чтобы она меня не забывала, мою особу, разумеется, одну мою особу, все остальное она может забыть… Скажите ей, что, если она меня забудет, ее постигнет несчастие… Выступит морщинка на лбу или на щеке, или появится прядка седых волос, ибо это было бы предательством воспоминаний ее молодости… Боже мой, зачем ее превратили в созвездие…* она была так хороша на этой земле.
Простите, любезный Гагарин. Сегодня у меня достаточно вдохновения, чтобы написать вам тома, но необходимость в образе хорошо известного вам
Весь ваш
Ф. Тютчев
Тютчевым И. Н., Е. Л. и др., 31 декабря 1836/12 января 1837*
Munich. Ce 31 décembre 1836/12 janvier <18>37
Cette lettre, chers papa et maman, vous sera portée par le g<énér>al Boudberg, envoyé ici par l’Empereur en mission spéciale* et qui repart aujourd’hui. Il nous est arrivé ici dans un mauvais moment et ne remportera que de tristes impressions de Munich. La maladie qui nous afflige depuis trois mois* a — il est vrai — considérablement baissée, mais par je ne sais quelle bizarrerie ses derniers choix sont touchés presque tous sur des personnes de la société. Il est certain que pour la plupart c’étaient des personnes âgées ou infirmes, mais pas moins des cas de mort aussi rapprochés et aussi soudains ne pouvaient manquer de produire une sensation pénible et ont étendu le deuil à la société toute entière. A cela est venu se joindre un deuil de cour*, si bien que nous avons du noir jusque par-dessus les oreilles. C’est au milieu de tout ce noir que nous avons commencé la nouvelle année catholique et que nous achevons la nôtre. C’est le cas plus que jamais de faire des vœux pour celle qui vient et je vous adresse les miens, du fond du coeur. Ma santé pas plus que celle de Nelly et des enfants* ne s’est autrement ressentie de la disposition générale, et le moral s’est maintenu tout aussi intact. En dépit de ses démonstrations multipliées, le choléra n’a pas réussi à faire la moindre impression sur nous. Voilà six ans que j’en ai les oreilles rabattues, et sa présence à Munich n’est pas parvenu à le rafraîchir à mes yeux. Mais je suis plus sensible à ses effets indirects. Munich qui n’est jamais rien divertissant est maintenant d’une tristesse et d’un ennui dont il serait difficile de se faire une idée. C’est comme un homme naturellement insipide et maussade qui aurait la migraine. On