Тютчевой А. Ф., лето 1839*

51. А. Ф. ТЮТЧЕВОЙ Начало лета 1839 г. Турин

Merci, ma chère enfant, pour ta lettre, qui m’a fait grand plaisir, malgré ses fautes d’orthographe. Je voudrais bien être près de toi pour te les corriger. C’est bien aussi ce que j’espère voir se réaliser dans le courant de cet été. En attendant, écris-moi de temps à autre, dis-moi les leçons que tu prends et les livres que tu lis… As-tu déjà écrit à ta tante Clotilde?* Aime-la bien et tâche de lui ressembler. Aime bien aussi la tante Hannstein, qui maintenant prend soin de vous, comme dans son enfance elle a pris soin de ta mère.

Embrasse de ma part tes petites sœurs. Je suis bien impatient de vous revoir toutes les trois, mes chers enfants. Que la Bonté Divine veille sur vous…

Adieu, ma chère Anna, matin et jour, quand tu pries le bon Dieu, pense aussi à ta mère. Je t’embrasse, mon enfant.

T. Tutchef

Mes amitiés à ta bonne Catherine.

Перевод

Благодарю тебя, моя милая девочка, за твое письмо, оно меня очень порадовало, несмотря на орфографические ошибки. Я бы очень желал быть рядом с тобою, чтобы поправлять их тебе. Надеюсь, что это осуществится нынешним летом. А пока пиши мне от времени до времени, рассказывай мне про свои уроки и про книги, какие ты читаешь… Писала ли ты тетушке Клотильде?* Люби ее крепко и старайся походить на нее. Люби также тетушку Ганштейн, она теперь заботится о вас, как заботилась о вашей матери, когда та была ребенком.

Обними за меня младших сестер. Мне очень не терпится увидеть всех вас троих, мои милые дети. Храни вас милосердие Божие…

Прощай, милая Анна. Во время утренней и вечерней молитвы поминай также и свою мать. Обнимаю тебя, дитя мое.

Ф. Тютчев

Сердечно кланяюсь твоей доброй Екатерине.

Нессельроде К. В., 6/18 октября 1839*

52. К. В. НЕССЕЛЬРОДЕ 6/18 октября 1839 г. Мюнхен

Munich. Ce 6/18 octobre 1839

Monsieur le Comte,

Des circonstances impérieuses m’obligent à prier Votre Excellence de vouloir bien agréer ma démission de la place de 1er secrétaire de la Légation Impériale à Turin*.

Mon intention aussi bien que mon vœu eût été de rentrer immédiatement en Russie où j’aspire à me fixer. — Mais l’intérêt de mes enfants, que je suis venu retrouver ici et qu’il me serait également impossible de faire voyager dans cette saison ou de laisser de nouveau à la merci d’une surveillance étrangère, me met dans le cas, Monsieur le Comte, de vous demander, comme une faveur, la permission de différer ma rentrée en Russie jusqu’au printemps prochain.

Je suis avec respect, Monsieur le Comte, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur

T. Tutchef

Перевод

Мюнхен. 6/18 октября 1839

Милостивый государь, граф Карл Васильевич,

Важные обстоятельства вынуждают меня просить ваше сиятельство благоволить принять мою отставку от должности 1-го секретаря императорской миссии в Турине*.

Я был намерен, что вполне отвечает моим желаниям, незамедлительно возвратиться в Россию, где надеюсь обосноваться. — Однако в интересах моих детей, к которым я сюда приехал и которых в равной мере не решаюсь ни взять с собой в путешествие в это время года, ни снова оставить здесь под чужим надзором, я принужден просить вас, милостивый государь, о великодушном разрешении отложить мое возвращение в Россию до будущей весны.

С совершенным почтением честь имею быть, милостивый государь, вашего сиятельства покорнейший слуга

Ф. Тютчев

Тютчевым И. Н. и Е. Л., 1/13 декабря 1839*

53. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 1/13 декабря 1839 г. Мюнхен

Munich. Ce 1/13 décembre 18<39>

C’est le 24 du mois d<ernier>, le jour même de la fête de maman que j’ai reçu votre lettre, chers papa et maman. J’avais bien pensé à vous, ce jour-là et la veille. Mais la lettre, je n’avais guères l’espérer. Elle m’a fait grand plaisir. — Il me tarde bien de vous revoir. Et si Dieu nous prête vie jusqu’au printemps prochain, nous nous reverrons, bien sûr. C’est une chose décidée, irrévocablement décidée. Ma femme vous écrit sous ce pli*. Voilà trois mois que par mes hésitations, par mes délais, je l’empêche de vous écrire. Ne m’en voulez pas et surtout n’attribuez pas à de la paresse cette impossibilité d’écrire. Ce que c’est je n’en sais rien. Toutefois, ne soyez pas en peine de moi. Car j’ai, pour veiller sur moi, le d<évoue>ment[13] de l’être, le meilleur que Dieu ait jamais fait. Ce que je vous dis, ce n’est pas une exagération. Ce n’est que justice.

Je ne vous parle pas de son affection pour moi. Vous-même trouveriez peut-être qu’il y a de l’excès. Mais ce dont je ne puis assez me louer et la remercier, c’est de la tendresse et de ses soucis pour les enfants. Pour eux, la perte qu’ils ont faite est presque réparée. Nous les avons pris chez nous, aussitôt arrivés à Munich*, et quinze jours après les enfants lui étaient attachés comme s’ils n’avaient jamais eu d’autre mère. Moi aussi, je n’ai jamais vu de nature plus sympathique aux enfants que la sienne. Oui, c’est une bien noble et bien excellente nature et je la recommande vivement à votre amitié. Pour les détails je vous renvoie à sa lettre. Nous sommes venus ici à la fin de septembre. Notre intention avait été d’aller passer cet hiver à Pétersb<ourg>, mais l’état de Nesty s’étant tout à fait déclaré vers cette époque*, nous avons été obligés de renoncer à ce projet. Mais, comme je vous l’ai dit, ce n’est qu’une partie remise jusqu’au printemps prochain.

A mon arrivée ici, j’ai écrit <à> C<om>te de Nesselrode pour me démettre de ma place de secrétaire à Turin et pour le prier de <m’>autoriser de passer cet hiver à l’étranger*. Il m’a répondu avec beaucoup d’obligeance, en m’accordant ma demande. Maintenant voici quelles sont mes intentions. Au mois de

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