me servir encore plus activement qu’elle ne fait, mais elle trouve un terrible obstacle dans ma détestable incurie*.
Nous sommes ici dans l’attente du printemps qui n’arrive pas. Le moment présent est détestable. C’est un vrai gâchis.
C’est le Dimanche de Pâques que je compte faire communier les deux enfants dans la chapelle de la Comtesse Шереметев. C’est Палагея В<асильевна>* qui veut bien se charger de ce soin.
Quant à moi, je suis décidé à attendre jusqu’à Moscou pour faire mes dévotions. Je les ferai cet été avec vous. Ici tout l’arrangement matérialisé, mon existence est tel que je ne pourrai guères les faire comme je le voudrais.
Vous savez, je suppose, que Палагея В<асильевна> est devenue бабушка.
Прошу поздравить прабабушку*. Еще раз, любезнейшие папинька и маминька, поздравляю вас всех от души с наступающим праздником и от души жалею, что мы проведем его розно.
Целую ваши ручки. Ф. Т.
Середа
Не могу выразить, любезнейшие папинька и маминька, как мне досадно и грустно не быть рядом с вами в эти дни. — Впервые за долгие годы я нахожусь в России в этот праздник, который всякий раз заставлял меня остро переживать нашу разлуку, и вот опять, как сказано, я проведу его в одиночестве. — Мне грустно не только из-за невозможности увидеться, но я не могу не испытывать своей вины в этом. Так просто было устроить все по-другому. Чем больше я смотрю, тем больше меня угнетает моя собственная небрежность.
Вы знаете, не так ли, что я вернулся на службу. На днях я принял присягу*. Мне вернут ключ камергера и, наверное, повысят в чине*. Граф Нессельроде исполнен благожелательства. На днях он спросил меня, что я полагаю делать в ближайшее время. Я ответил, что у меня единственное желание — провести лето вместе с вами. К моему возвращению мне подыщут место, то есть найдут предлог выплачивать мне несколько тысяч рублей. Это очень любезно с его стороны, и я ему весьма за это благодарен. Теперь предстоит окончательно решить вопрос с девочками. Я имею обещание великой княгини Марии Николаевны и надеюсь до моего отъезда получить возможность повидать ее и поговорить об этом.
Вы совершенно правы, когда говорите о своей благодарности к графине Нессельроде за ее расположение ко мне. Невозможно быть внимательнее, чем она. Она была готова еще усерднее помогать мне, если бы не встретила страшное препятствие в лице моей скверной беспечности*.
Мы живем в ожидании весны, которая никак не приходит. Нынешняя пора отвратительная. Настоящее грязное месиво.
Я хочу, чтобы дети в Святое Воскресенье пошли к Причастию в домовую церковь графини Шереметевой. Заботу об этом берет на себя Палагея Васильевна*.
Что касается до меня, я решил отложить Причастие до Москвы. Я буду говеть летом вместе с вами. Здесь же, при любом устройстве дел, мое существование таково, что я не смогу этого сделать, как хотелось бы.
Вы уже известились, я думаю, о том что Палагея Васильевна стала бабушкой.
Прошу поздравить прабабушку*. Еще раз, любезнейшие папинька и маминька, поздравляю вас всех от души с наступающим праздником и от души жалею, что мы проведем его розно.
Целую ваши ручки. Ф. Т.
Тютчевой А. Ф., июль — август 1845*
Je me figure, ma bonne et chère Anna, la révolution que nos lettres d’aujourd’hui vont produire parmi vous. Je t’avais promis de vous réunir à nous le plutôt qu’il me serait possible, et je viens, comme tu vois, m’acquitter de ma promesse. Les circonstances nous obligeant à passer encore l’hiver prochain à Pétersb<ourg>, nous avons décidé, maman et moi, de vous y faire venir, tes deux sœurs pour continuer leurs études dans un Institut de la couronne où la Gr<ande>-Duchesse veut bien se charger de les placer, et toi, qui as le malheur d’être trop vieille, pour vivre auprès de nous. Je me flatte que tu approuveras cet arrangement et que tu voudras bien me pardonner l’embarras du déplacement que je t’impose. Mais le point principal décidé, je t’avoue, que je ne suis pas sans de vives inquiétudes quant à la manière dont la chose pourra être mise à l’exécution. L’idée de ce voyage que vous allez faire sous la garde d’une personne qui est encore à trouver me donne beaucoup de soin — tu apprendras par les personnes, à qui maman vient d’écrire à ce sujet, les arrangements que nous voudrions voir adoptés, mais à la distance, où nous sommes, toutes les indications que nous pouvons fournir d’ici seront nécessairement très insuffisantes. Le plus sûr comme le plus simple, c’est de vous recommander plus que jamais à la protection de Dieu.
Ici, ma bonne Anna, tout le monde te porte, à toi aussi qu’à tes sœurs, le plus tendre et le plus vif intérêt. Tu pourras en juger par ces quelques lignes que ma mère et ma sœur t’adressent*. Je leur ai fait lire les lettres que j’ai reçues de toi dans ces derniers temps, et elles en ont éprouvé presque autant de plaisir que moi-même. Elles t’aiment comme si tu vivais constamment au milieu d’elles.
Dieu aidant, je me flatte, que tu trouveras plus d’affection en Russie que tu n’en trouverais partout ailleurs. Jusqu’à présent tu ne connais le Pays auquel tu appartiens que par le témoignage des étrangers, et tu comprendras plus tard pourquoi ce témoignage, de nos jours surtout, mérite peu de confiance. Et lorsque plus tard tu seras en état de comprendre par toi-même tout ce qu’il y a de grandeur dans le Pays et de bonté dans le peuple, tu te sentiras fière et heureuse d’être née Russe*.
Dis mille tendresses de ma part à tes oncles Bothmer. J’ai eu dernièrement une longue lettre de ton frère Charles qui me parle beaucoup de toi. Quant à tes deux autres frères Othon et Alfred, tu les trouveras à Pétersbourg. Lorsque tu écriras à Weimar, n’oublie pas de parler de moi à l’oncle Maltitz et dis-lui que je me sens l’homme le plus indigne et le plus abominable vis- à-vis de lui. Il m’a écrit deux fois pendant mon séjour à Pétersb<ourg> sans obtenir un mot de réponse de mon exécrable paresse, et Dieu sait pourtant que ses lettres, son souvenir et son amitié me sont bien précieux et bien chers. J’espère pourtant que je réussisse à secouer le cauchemar qui pèse sur notre correspondance.
Mais avant tout, ma chère Anna, n’oublie pas de présenter mes respects à Madame de Dietrich et de la remercier bien particulièrement en mon nom de toutes les bontés qu’elle a eu pour vous.
J’aurais encore mille choses à te dire, mais toutes peuvent se réduire à celle-ci: c’est que je vous aime tendrement toutes les trois, que je fais les vœux les plus fervants pour l’heureux succès de votre voyage et que je m’estimerai particulièrement heureux, quand je vous verrai arrivées saines et sauves à Pétersb<ourg>. Je t’embrasse mille et mille fois.