Ou la ville Peindra de faux cieux. O, pour ces Ouvriers charmants Sujets d'un roi de Babylone, Venus! quitte un instant les Amants Dont l'ame est en couronne. O Reine des Bergers, Porte aux travailleurs l'eau-de-vie, Que leurs forces soient en paix En attendant le bain dans la mer a midi. _______________

      La vieillerie poetique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.

     Je m'habituai a l'hallucination simple: je voyais tres-franchement une mosquee a la place d'une usine, une ecole de tambours faite par des anges, des caleches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mysteres; un titre de vaudeville dressait des epouvantes devant moi!

     Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots!

     Je finis par trouver sacre le desordre de mon esprit. J'etais oisif, en proie a une lourde fievre: j'enviais la felicite des betes, - les chenilles, qui representent l'innocence des limbes, le sommeil de la virginite!

     Mon caractere s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'especes de romances: 

CHANSON DE LA PLUS HAUTE TOUR.

Qu'il vienne, qu'il vienne, Le temps dont on s'eprenne. J'ai tant fait patience Qu'a jamais j'oublie. Craintes et souffrances Aux cieux sont parties. Et la soif malsaine Obscurcit mes veines. Qu'il vienne, qu'il vienne, Le temps dont on s'eprenne. Telle la prairie A l'oubli livree, Grandie et fleurie D'encens et d'ivraies, Au bourdon farouche Des sales mouches. Qu'il vienne, qu'il vienne, Le temps dont on s'eprenne. 

     J'aimai le desert, les vergers brules, les boutiques fanees, les boissons tiedies. Je me trainais dans les ruelles puantes et, les yeux fermes, je m'offrais au soleil, dieu de feu.

     'General, s'il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre seche. Aux glaces des magasins splendides! dans les salons! Fais manger sa poussiere a la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brulante... '

     Oh! le moucheron enivre a la pissotiere de l'auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon!

FAIM

Si j'ai du gout, ce n'est guere Que pour la terre et les pierres. Je dejeune toujours d'air, De roc, de charbon, de fer. Mes faims, tournez. Paissez, faims, Le pre des sons. Attirez le gai venin Des liserons. Mangez les cailloux qu'on brise, Les vieilles pierres d'eglises; Les galets des vieux deluges, Pains semes dans les vallees grises. ______________  Le loup criait sous les feuilles En crachant les belles plumes
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