Lorsque mon coeur sera comme un vieux fruit d'automneEt que mes ossements s'en iront a vau-l'eauPeut-etre direz-vous que la recolte est bonneLes vers pendant ce temps glisseront sous ma peauLes yeux noirs que j'aurai seront d'un noir de tombeEt je ne pourrai plus sourire que des dentsVous aurez tout loisir d'aller faire la bombeQuel que soit votre jeu moi je serai perdantJe serai comme un tronc que la riviere emporteVers on ne sait quel trou ou rien ne vous attendSans doute aurez-vous mis les scelles sur ma porteMoi, je m'en foutrai bien? j'aurai fini mon tempsJe n'aurai rien a dire et plus rien a defendreJe serai comme un roi dans un palais desertAyant tout desappris y compris d'etre tendreOublie le mensonge et comment on s'en sertAllonge je serai comme un vieux saint de pierreLes vieux copains viendront s'agenouiller sur moiMa maison dormira etouffee sous le lierreApres deux ou trois ans il en restera quoi?Il n'en restera rien qu'un peu de phrases mortesQue j'aurai par hasard prononcees devant vousLa vie fait son metier mais la mort est plus forteEt qu'on le veuille ou non on vient au rendez-vousLorsque je n'aurai plus de cerveau dans la teteDe langue dans la bouche et cela pour toujoursPeut-etre serez-vous tous ensemble a la feteEn train de fredonner quelques chansons d'amourQuelques gentils refrains jaillis de ma jeunesseSouvent enjolives d'un air d'accordeonVous en serez a l'age ou tout cela vous blesseIl faut aimer le mal que nous font les chansonsLorsque je dormirai quelque part bien tranquilleAu fond d'un trou creuse par un bonhomme idiotQui s'en ira plus tard fredonner par la villeUne chanson de moi glanee a la radioLorsque j'en serai la, j'aimerai tout le mondeEt tout le monde alors dira du bien de moiComme on sait que jamais les morts ne vous repondentA mon sujet, chacun dira n'importe quoiQue je fus le plus beau des poetes a la manqueSans que ni Dieu ni Diable n'en fussent avisesQue j'eus tout dans la vie, a part un compte en banqueQue je tirais fort bien sans savoir que viserLorsque mon coeur sera comme une vieille epongeVous pourrez tous ensemble evoquer qui je fusJ'en rigole d'avance aujourd'hui quand j'y songeCar aucun d'entre vous, ne l'aura jamais su.
Lucie
Lorsque Lucie s'amuseA me parler tout basJ'ai la mine confuseEt rougis malgre moiElle me dit 'Tu es bete'Car elle ne comprend pasCe qu'il y a dans ma tete,Que mes pensees s'arretentLorsque Lucie me froleJ'ai le coeur en emoiEt ca me fait tout droleJe ne sais pas pourquoiJe ne vois plus personneIl n'y qu'elle et moiMais elle m'impressionneEt souvent je frissonneLorsque Lucie m'ignoreJe ne sais ou allerLe chagrin me devoreJ'ai envie de pleurerMes idees se melangentElle rit sans arretMoi pour donner le changeJe dis des choses etranges