Tous ces comediens charges de familleMais dont le francais etait hesitantDevaient accepter pour gagner leur vieLe premier emploi qui etait vacantConduire un taxi ou tirer l'aiguilleCa pouvait se faire avec un accentApres le travail les jours de semaineCes acteurs frustres repetaient longtempsPour le seul plaisir un soir par quinzaineDe s'offrir l'oubli des soucis d'argentEt crever de trac en entrant en sceneDevant un public forme d'emigrantsQuand les fins de mois etaient difficilesQuand il faisait froid, que le pain manquaitOn allait souvent honteux et febrileAu Mont-de-piete ou l'on engageaitUn vieux samovar, des choses futilesObjets du passe, auxquels on tenaitOn parlait de ceux morts pres du BosphoreBuvait a la vie, buvait aux copainsLes femmes pleuraient et jusqu'aux auroresLes hommes chantaient quelques vieux refrainsQui venaient de loin, du fond d'un folkloreOu vivaient la mort, l'amour et le vinNous avions toujours des amis a tableLe peu qu'on avait, on le partageaitMes parents disaient: 'Ce serait le diableSi demain le ciel ne nous le rendait'Ce n'est pas la geste charitable:Ils aimaient les autres et Dieu nous aidaitTandis que devant poeles et casserolesMon pere cherchait sa situationJour et nuit sous une lampe a petroleMa mere brodait pour grande maisonEt nous avant que d'aller a l'ecoleFaisions le menage et les commissionsAinsi je grandis sans contrainte aucuneMe soulant la nuit, travaillant le jourMa vie a connu diverses fortunesJ'ai frole la mort, j'ai trouve l'amourJ'ai eu des enfants qui m'ont vu plus d'uneFois me souvenir le c?ur un peu lourdRue Monsieur-Le-Prince au Quartier LatinDans un milieu de chanteurs et d'artistesQu'avaient un passe, pas de lendemainDes gens merveilleux un peu fantaisistesQui parlaient le russe et puis l'armenien
Avant de t'aimer
Avant de t'aimer, je croyais que les femmes etaient des eglisesComme aux quatre coins de Venise et qu'on pouvait les visiterAvant de t'aimer, je disais qu'elles n'etaient que gourmandiseComme le sont les friandises et qu'on pouvait les partagerAvant de t'aimer, je croyais que les femmes etaient des chapellesEnfermees dans les citadelles offertes au voeu de chasteteAvant de t'aimer, je pensais que les femmes etaient sans cervelleQu'elles n'etaient que des modeles pour un pinceau, pour un mailletAvant de t'aimer, je croyais que les femmes etaient des paroissesAppartenant au garde-chasse qui piege et bague son gibierAvant de t'aimer, je doutais des femmes et de ce qu'elles apportentQuand elles referment la porte, sans un regard sans un regret