Un certain va-nu-pieds qui passe et me trouve ivre Mort, croyant tout de bon que j'ai cesse de vivre (Vous auriez fait pareil), s'en prit a mes souliers. Pauvre homme! vu l'etat piteux de mes godasses, Je dout' qu'il trouve avec son chemin de Damas-se. Ca n'fait rien, il y a des passants bien singuliers… Un etudiant miteux s'en prit a ma liquette Qui, a la faveur d'la nuit lui avait paru coquette, Mais en plein jour ses yeux ont du se dessiller. Je l'plains de tout mon c?ur, pauvre enfant, s'il l'a mise, Vu que, d'un homme heureux, c'etait loin d'etr' la ch'mise. Ca n'fait rien, y a des etudiants bien singuliers… La femm' d'un ouvrier s'en prit a ma culotte. ' Pas ca, madam', pas ca, mille et un coups de bottes Ont tant use le fond que, si vous essayiez D'la mettre a votr' mari, bientot, je vous en fiche Mon billet, il aurait du verglas sur les miches. ' Ca n'fait rien, il y a des menages bien singuliers… Et j'etais la, tout nu, sur le bord du trottoir-e Exhibant, malgre moi, mes humbles genitoires. Une petit' vertu rentrant de travailler, Elle qui, chaque soir, en voyait un' douzaine, Courut dire aux agents: ' J'ai vu que'qu' chos' d'obscene! ' Ca n'fait rien, il y a des tapins bien singuliers… Le r'presentant d'la loi vint, d'un pas debonnaire. Sitot qu'il m'apercut il s'ecria: ' Tonnerre! On est en plein hiver et si vous vous geliez! ' Et de peur que j'n'attrape une fluxion d'poitrine, Le bougre, il me couvrit avec sa pelerine. Ca n'fait rien, il y a des flics bien singuliers… Et depuis ce jour-la, moi, le fier, le bravache, Moi, dont le cri de guerr' fut toujours ' Mort aux vaches! ' Plus une seule fois je n'ai pu le brailler. J'essaye bien encor, mais ma langue honteuse Retombe lourdement dans ma bouche pateuse. Ca n'fait rien, nous vivons un temps bien singulier…

L'inestimable sceau

Paroles: Georges Brassens

M'amie, en ce temps-la, chaque annee au mois d'aout, Se campait sur la greve, et ca m'etait tres doux D'ainsi la voir en place. Dans cette position, pour se desennuyer, Sans jamais une erreur, ell' comptait les noyes En sucant de la glace. Ses aimables rondeurs avaient fait a la fin Un joli petit trou parmi le sable fin, Une niche ideale. Quand je voulais partir, elle entrait en courroux, En disant: 'C'est trop tot, j'ai pas fini mon trou; C'est pas le trou des Halles.' Pres d'elle, un jour, passa superbe un ange blond, Un bellatre, un belitre au torse d'Apollon, Une espece d'athlete. Comme mue d'un ressort, dressee sur son seant, Elle partit avec cet homme de neant, Costaud de la Villette. La volage, en volant vers ce nouveau bonheur, Me fit un pied de nez double d'un bras d'honneur, Adorable pimbeche! J'hesite a simuler ce geste: il est trop bas. On vous l'a souvent fait, d'ailleurs je ne peux pas La guitare m'empeche! J'eus beau la supplier: 'De grace, ma Nini, Rassieds-toi, rassieds-toi: ton trou n'est pas fini.' D'une voix sans replique, 'Je m'en fous' cria-t-elle 'Et puisqu'il te plait tant, C'est l'instant ou jamais de t'enfouir dedans: T'as bien fait ' La Supplique '!'
Вы читаете Les paroles de 201 chansons
Добавить отзыв
ВСЕ ОТЗЫВЫ О КНИГЕ В ИЗБРАННОЕ

0

Вы можете отметить интересные вам фрагменты текста, которые будут доступны по уникальной ссылке в адресной строке браузера.

Отметить Добавить цитату