On ne devrait perdre jamais Ses pere et mere, bien sur, mais A moins d'etre un petit malin Qui meurt avant d'etre orphelin, Ou un infortune batard, Ca nous pend au nez tot ou tard. Quand se drapant dans un linceul Ses parents le laissent tout seul, Le petit orphelin, ma foi, Est bien a plaindre. Toutefois, Sans aller jusqu'a decreter Qu'il devient un enfant gate, Disons que dans son affliction Il trouve des compensations. D'abord au dessert aussitot La meilleure part du gateau, Et puis plus d'ecole, pardi La semaine aux quatre-jeudis. On le traite comme un pacha, A sa place on fouette le chat, Et le trouvant tres chic en deuil, Les filles lui font des clins d'?il. Il serait par trop saugrenu D'enumerer par le menu Les faveurs et les passe-droits Qu'en l'occurrence on lui octroie. Tirant meme un tel benefice En perdant leurs parents, des fils Denatures regrettent de N'en avoir a perdre que deux. Hier j'ai dit a un animal De flic qui me voulait du mal: Je suis orphelin, savez-vous? Il me repondit: je m'en fous. J'aurais eu quarante ans de moins Je suis sur que par les temoins La brute aurait ete mouchee. Mais ces laches n'ont pas bouge. Aussi mon enfant si tu dois Etre orphelin, depeche-toi. Tant qu'a perdre tes chers parents, Petit, n'attends pas d'etre grand: L'orphelin d'age canonique Personne ne le plaint: bernique! Et pour tout le monde il demeure Orphelin de la onzieme heure. Celui qui a fait cette chanson A voulu dire a sa facon, Que la perte des vieux est par- Fois perte seche, blague a part. Avec l'age c'est bien normal, Les plaies du c?ur guerissent mal. Souventes fois meme, salut! Elles ne se referment plus. La ballade des cimetieres
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1961
J'ai des tombeaux en abondance Des sepultur's a discretion Dans tout cim'tier' d'quelque importance J'ai ma petite concession De l'humble tertre au mausolee Avec toujours quelqu'un dedans J'ai des p'tit's boss's plein les allees Et je suis triste, cependant… Car je n'en ai pas, et ca m'agace Et ca defrise mon blason Au cimetier' du Montparnasse A quatre pas de ma maison J'en possede au Pere-Lachaise A Bagneux, a Thiais, a Pantin Et jusque, ne vous en deplaise Au fond du cimetier' marin A la vill' comme a la campagne Partout ou l'on peut faire un trou J'ai mem' des tombeaux en Espagne