Je m'occupais de la vigne et mon frere chargeait le foinEt l'heure du dejeuner venue, on est retourne a la maisonEt notre mere a crie de la cuisine 'Essuyez vos pieds sur l' paillasson'Puis elle nous dit qu'elle avait des nouvelles de Bourg-les- EssonnesCe matin, Marie-Jeanne Guillaume s'est jetee du pont de la GaronneEt mon pere dit a ma mere en nous passant le plat de gratin' La Marie-Jeanne, elle n'etait pas tres maligne, passe-moi donc le pain.Y a bien encore deux hectares a labourer dans le champ de la canne'Et maman dit 'Tu vois, quand j'y pense, c'est quand meme bete pour cette pauvre Marie-JeanneOn dirait qu'il n'arrive jamais rien de bon a Bourg-les- EssonnesEt voila qu' Marie-Jeanne Guillaume va s' jeter du pont de la Garonne 'Et mon frere dit qu'il se souvenait quand lui et moi et le grand NicolasOn avait mis une grenouille dans le dos de Marie-Jeanne, un soir au cinemaEt il me dit 'Tu te rappelles, tu lui parlais ce dimanche pres de l'egliseDonne-moi encore un peu de vin, c'est bien injuste la vieDire que j' l'ai vue a la scierie hier a Bourg-les-EssonnesEt qu'aujourd'hui Marie-Jeanne s'est jetee du pont de la Garonne 'Maman m'a dit enfin 'Mon grand, tu n'as pas beaucoup d'appetitJ'ai cuisine tout ce matin et tu n'as rien touche, tu n'as rien prisDis-moi, la s?ur de ce jeune cure est passee en autoElle m'a dit qu'elle viendrait dimanche a diner… Oh! et a proposElle dit qu'elle a vu un garcon qui t' ressemblait a Bourg-les- EssonnesEt lui et Marie-Jeanne jetaient quelque chose du pont de la Garonne 'Toute une annee est passee, on ne parle plus du tout de Marie-JeanneMon frere qui s'est marie a pris un magasin avec sa femmeLa grippe est venue par chez nous et mon pere en est mort en janvierDepuis, maman n'a plus envie de faire grand-chose, elle est toujours fatigueeEt moi, de temps en temps j' vais ramasser quelques fleurs du cote des EssonnesEt je les jette dans les eaux boueuses du haut du pont de la Garonne
Marie-Madeleine
Marie-Madeleine, y a pas si longtempsSouviens-toi de tes amoursJe t'amusais bien, tu aimais l'argentEt moi, je t'aimais tout courtQu'est-ce qui t'a pris de tout laisserDe tout quitter pour un seul hommeUn faux prophete, un illumineUn soi-disant roi sans couronneSoi-disant roi de GalileeMarie-Madeleine, y a pas si longtempsQue tu n'etais pas fideleTu n'es plus a moi, mais qu'est-ce qu'il te prendOn n'epouse pas le cielTu n'as plus rien a espererIl a deja un pied en terreOublie ce fou, il t'a trompeeLe Roi des Juifs ne peut rien faireLe Roi des Juifs est condamneRedeviens Marie-MadeleineNe va pas chercher si loinJe n'ai plus rien, Marie-MadeleineRevis, reviensC'est a moi que tu appartiensTu attends qui – tu attends quoi