charger de la nourriture et entretien d’un pauvre pendant six mois. Je suis bien persuade, Messieurs, qu’il y dans la capitale beaucoup plus de citoyens dans l’opulence que dans l’indigence; autrement les premiers n’auroient pas un moment a perdre pour se sauver. Et lorsque moi (qui ne reunit pas beaucoup plus de 3000 1. de revenu avec ma place et mon patrimoine, et qui ai une femme et deux enfans), je me charge exclusivement de la nourriture et de l’entretien du premier pauvre qui se fera enregistrer au district, je ne vois pas que le nombre des pauvres puisse l’emporter sur celui des particuliers opulens? Proportion gardee, la place Vendome seule pourroit nourrir et entretenir tous les pauvres d’un district.

Je vous supplie donc, Messieurs de vouloir bien, dans le compte que vous devez rendre a l’assemblee de mes deux projets insister sur l’acceptation du premier qui peut, sur le champ, faire disparoitre la mendicite, et oter au peuple tout sujet legitime et meme tout pretexte de mecontentement, seul moyen d’assurer l’existence des riches pendant cet hiver.

Vous voyez, Messieurs, que par ce premier projet il n’y auroit aucune administration, aucune caisse, aucun maniement de deniers, ce qui oteroit tout pretexte de defiance et de soupcons, de predilection — chaque pauvre seroit surveille — assure de sa subsistance, il reprendroit courage; car lorsque je vois tous les capitalistes se donnent tant de mouvement pour augmenter leur fortune, il m’est impossible de croire que des qu’un malheureux est hors d’inquietude pour sa nourriture et son entretien, il perd tout aussitot le gout du travail. Ce reproche n’a ete imagine que par ceux qui cherchent des pretextes pour se dispenser de faire l’aumone.

Dans le faubourg St. Antoine, dans le faubourg St. Marceau, dira-t-on peut etre, — il n’y aura pas assez de gens riches pour nourrir les indigens.

Je ne le crois pas, mais quand je me tromperois, ce ne seroit toujours pas une raison pour que dans tous les districts de Paris on n’y employat d’abord le premier moyen que je propose.

Si contre mon attente ce moyen etait insuffisant, alors on pourra passer aux Bureaux et aux atteliers de charite contre lesquels on n’a pas forme nonplus aucune objection serieuse.

On nous a parle des mesures de l’Hotel-de-Ville. Eh, Messieurs! qu’en pouvons nous attendre en faveur des pauvres, a present qu’il a epuise tous ses fonds, puisque pour aides les boulangers d’un simple pret de 300 mille livres, il est oblige d’avoir recours a la triste ressource d’une souscription? Croyez-moi, mes chers concitoyens, ceux qui ne peuvent pas nous donner du pain pour de l’argent, ne seront jamais en etat d’en donner pour rien a tous les pauvres de la capitale. On nous a dit aussi qu’en adoptant les Bureaux de charite, il falloit rejetter de notre sein tous les pauvres des provinces. Si cela pouvoit s’executer, il ne nous resteroit pas beaucoup d’indigens car chacun sait que le plus grand nombre des habitants de Paris n’y ont pas pris naissance, — mais, Messieurs, je crois qu’un semblable triage auquel j’avois d’abord pense seroit impraticable et dangereux dans la fermentation actuelle — il seroit meme inhumain a l’entree de l’hiver. Je me flatte de connoitre aussi bien qu’un autre, les ressources que les campagnes peuvent offrir aux indigents, mais le moment de les y repousser n’est pas encore arrive, ainsi que vous pourrez vous en convaincre par la lecture de memoire ci-joint sur les dessechements et les defrichements.

Un honorable membre a voulu nous faire entendre aussi que les pauvres du Berry se nourrissoient et s’entretenoient avec presque rien. Il m’a paru que l’assemblee me dispensoit de repondre a cette objections. Mais quand elle seroit fondee, il n’en seroit pas moins vrai que nous sommes toujours dans l’indispensable necessite de nourrir et d’entretenir les notres de maniere a les preserver de l’horrible extremite [1] de nous arracher de force ce qu’ils n’auroient pu obtenir de notre humanite, de notre premier interet meme celui de notre existence. Encore un mot sur les pauvres du Berry — il y en a beaucoup et la province n’est pas riche, ce qui peut retablir la proportion entre eux et ceux de la capitale.

Enfin j’ai aussi entendu un honorable membre proposer qu’en admettant les Bureaux de charite, on supprimat la quete des commissaires des pauvres et autres etablissements de ce genre, afin de tout reunir dans la caisse du District — je suis bien du meme avis; et j’ai cru que la chose arriveroit ainsi, parcequ’il est convenable d’appeller les cures aux Bureaux et aux atteliers que je propose d’etablir.

J’oubliois encore une objection — c’est celle qu’on a tiree des risques que nous avons couru par les atteliers de charite de l’ancienne administration. Oh, rien de plus vrai, ces atteliers etoient tres inutiles, tres dangereux. Mais les bureaux et les atteliers partiels que je propose d’y substituer n’y ont nulle ressemblance, nul rapport et par consequent cette objection tombe d’elle meme.

A l’egard des semestriers qui vont traverser la capitale et qui pourroient etre tentes de s’y arreter, je ne crois pas que leur surveillance doive entrer dans la composition des Bureaux et des atteliers de charite. C’est la un des objets qu’on doit abandonner au comite de Police de l’Hotel-de-Ville, ou plutot au comite militaire.

Telles sont, Messieurs, les reflexions que je vous supplie d’opposer aux objections qui m’ont ete faites. Je ne vous dissimulerai pas que j’ai la presomption de croire que mes deux projets sont tres salutaires et seuls capables de prevenir les malheurs, dont nous sommes menaces. Mais si l’assemblee en juge autrement, elle n’a pas un moment a perdre pour executer le projet qu’elle adoptera, j’y souscris d’avance. Car si je tiens a mes idees, je tiens encore davantage a mon existence et a celle de ma femme, de mes enfans et de mes concitoyens.

Je suis avec respect, Messsieurs,

Votre tres humble et tres ebeissant serviteur

Boudin.

Rue Basse du Rempart.

IX

Нац. библ., отдел рукописей f. fr. nouv. acq. 3241 (f. 164).

Adresse au commandant general par les ouvriers de la Bastille, du 21 Oct. 1789.

Mon general,

Les ouvriers de la Bastille, toujours empresses a ramener le calme dans les momens de trouble, tranquils dans leurs travaux a la destruction du Colosse formidable de cette forteresse, s’appercurent que des gens mal intentionnes pour susciter une insurrection, arreterent une voiture chargee de piques, y mirent le feu et se preparerent a de plus grand degat, lorsque nous accourumes et remediames autant qu’il fut en notre pouvoir a appaiser les furieux. Et l’effervescence qui s’etoit manifeste devint calme, nous nous retirames chacun, et nous continuames nos travaux.

Tel est l’expose sincere et fidele de notre conduite et celle dont nous sommes jaloux de conserver, sur ce nous vous prions de nous croire. Avec le plus profond respect Mon general

Vos tres humbles et tres obeissants serviteurs Noms des ouvriers deputes pour se presenter chez M. Lafayette.

Guerard dit Tourangeau

Laserre Daix

Toussaint Liotet

Pierre Bounin

Chevillette

Bosthien dit Gambeau

За подписями черта, a под ней слова:

Copie de la lettre de Lafayette.

X

Нац. библ., отдел рукописей

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