IV

29 марта 1792 г.

Архив города Марселя, картон «Corporations».

A Messieurs le Maire et officiers municipaux de Marseille

Messieurs,

Les ouvriers tonneliers de la ville de Marseille et de son territoire ont eu l’honneur de se presenter le dix neuf du courant devant les peres de la patrie a l’effect d’etre maintenus dans les differents ateliers d’ou ils avaient ete renvoyes sous pretexte que le travail manquait et vous avez accueilli leur demande. Mais quelle a ete leur surprise de voir un grand nombre d’ouvriers tonneliers etrangers travailler a leur place. Ils vous ont porte de nouveau leurs justes reclamations et vous avez eu la bonte, Messieurs de les charger d’une lettre pour les chefs d’atteliers par laquelle vous les avez invites a leur donner la preference.

Le vingt de ce mois les ouvriers tonneliers etrangers, M-r Bergasse a leur tete vous ont presente une petition tendant a les faire jouir des droits des francais, conformement a la loi. Leur petition eut un accueil si favorable que la municipalite fit une deliberation le vingt deux sur la liberte du travail en faveur de tous les ouvriers francais.

Penetres du plus grans respect pour les peres de la patrie, soumis aveuglement a leurs ordres sacres, persuades d’avance que leur but tend toujours au bien de la chose publique et a l’avantage de ses enfants, sans vouloir aprofondir les intentions du S-r Bergasse qui s’est toujours fait un vrai plaisir de favoriser les ouvriers etrangers au detriment des marseillais qui n’ont cesse et ne cesseront jamais de defendre avec energie notre sainte constitution depuis le principe de la revolution et qui se sont montres dignes du nom des francais, osent, messieurs, reclamer de votre bonte et de votre justice une nouvelle invitation aux chefs d’atteliers; ils vous supplient d’avoir egrad a la position des citoyens, peres de famille, qui n’ont d’autre ressource que celle de leurs bras.

Nous esperons, messieurs, que vous prendrez en grande consideration la petition que nous avons l’honneur de vous presenter et pleinement persuades que vous ne voulez que le bien de vos enfants, nous nous livrons avec enthousiasme aux moyens que vous trouverez convenables pour leur procurer une subsistance pour eux et leurs familles.

(Подписи).

V

(Май 1792 г.)

Архив города Марселя, регистр «Deliberations du Conseil municipal»,

1792.

Deliberation de la Municipalite.

Relative aux Coalitions et Altroupemens des ouvriers, connus sous le nom de Garcons du Devoir.

L’an quatrieme de la Liberte, le 30 Mai 1792, a onze heures avant midi, le Conseil Municipal de cette Ville de Marseille s’est assemble dans une des Salles de la Maison Commune ou il tient ses Seances ordinaires; auquel Conseil ont ete presens M. M. Mourraille, Maire; Corail Nitard, Bertrand, Robert, Manent, Boyer, Boulouvard, Gaillard, P. Bernard, Baudoin, Langlade, Vernet, Pourcelli, Barthelemy-Benoit, Petre, Mossy, Audibert, Officiers Municipaux, et Seytres, Procureur de la Commune.

M. le Maire ayant ouvert la Seance, M. le Procureur de la Commune a expose au Conseil que plusieurs Citoyens actifs, exercant la profession de Menuisier et munis d’une Patente ont presente a la Municipalite une Petition revetue de toutes les formes legales, par laquelle ils se plaignent des vexations arbitraires qu’ils eprouvent de la part d’une classe d’ouvriers dans la Menuiserie, connus sous le nom de garcons du Devoir. Ces individus meconnaissant les lois regeneratices qui ont supprime toute espece de corporations en France, ne cessent de se considerer comme corporation; ils continuent a s’assembler en corps, tantot dans les auberges, sous pretexte de repas, tantot dans les Eglises, ou ils font celebrer des messes sous pretexte que c’est leur ancien usage. S’est dans ces assemblees, illicites et formellement proscrites par la constitution, qu’ils ont concu le projet d’un reglement qui impose des lois dures aux menuisiers patentes; et c’est par une suite de cette coalition criminelle, qu’ils sont parvenus a forcer quelques uns d’entr’eux de souscrire a un tarif ou ils ont fixe les divers articles de menuiserie a des prix arbitraires et excessifs. On les a vus parcourir les atteliers, employant les menaces, et les violences, intimidant les citoyens paisibles, extorquer leurs signatures au bas du tarif, et faire cesser tout travail aux ouvriers qui ne voulaient pas partager leurs coupables exces. C’est par une suite de pareil attentat que les atteliers des menuisiers sont actuelement deserts. Ceux memes d’entre les ouvriers qui etaient disposes a un arragement a l’amiable, sur une augmentation proportionnee et necessaire, ont ete forces de quitter l’ouvrage sur les menaces qui leurs ont ete faites; de sorte qu’ils se trouvent ainsi prives des seules ressources qui servent a leur subsistance et a cette de leur famille. Il est du devoir de la Municipalite de reprimer des abus d’autant plus dangereux que s’ils restaient impunis ils pourraient se propager sur les autres professions, — paraliser des branches d’industrie infiniment precieuses a la societe, et reduire a la misere une infinite d’individus paisibles et honnetes. C’est sur quoi le conseil doit prendre dans sa sagesse une determination prompte, rigoureuse, et propre a faire rentrer dans le sentier des lois, ceux qui osent s’en ecarter d’une maniere aussi hardie.

Le Conseil voyant avec indignation que la classe des citoyens a qui la revolution a ete la plus favorable, puisqu’elle leur donne le droit de travailler a leur particulier moyennant une simple patente, est celle la meme, qui montre une opposition formelle aux nouvelles lois qu’ils s’obstinent a vouloir meconnaitre.

Considerant que la conduite des ouvriers menuisiers, connus sous la denomination proscrite de garcons du devoir, presente un tissu de delits et de contraventions que les magistrats doivent reprimer de tout leur pouvoir.

Considerant que les bases de la liberte, et de la constitution qui nous l’assure reposent essentielement sur l’obeissance aux lois, et aux autorites constituees et que les ouvriers menuisiers, par une conduite des plus reprehensibles n’ont aucun respect pour les lois et pour leurs organes;

Considerant que la constitution ayant aboli en France toute espece de corporation, les seuls individus connus sous le nom de compagnon du devoir, ne doivent pas survivre a la destruction des privileges;

Que le veritable devoir de tous ces citoyens francais ne consiste pas a se livrer a des ceremonies ridicules et superstitieuses, mais a se conformer a la volonte generale, et a courber la tete sous le joug des lois.

Apres avoir oui de nouveau M-r le Procureur delibere que tres expresses inhibitions et defences sont faites a tous Ouvriers, de quelque Etat ou profession qu’ils soient, de s’atrouper ou assembler sous quelques pretexte que ce puisse etre, a peine de huit jours de prison et d’etre poursuivis comme perturbateurs du repos public.

Defenses sont pareillement faites a tous aubergistes, cabaretiers et autres, de recevoir chez eux, et de permettre ou souffrir que les ouvriers se reunissent dans leurs auberges en sus du nombre de dix a peine de trois cent livres d’amende, et d’etre poursuivis comme favorisant des coalitions ciriminelles.

Pareilles defenses sont faites aussi a tous cures, vicaires et autres pretres desservant les Eglises et paroisses, de celebrer dorenavant des messes a la demande d’aucuns ouvriers, et specialement de ceux connus sous la denomination de garcons ou compagnons du devoir.

Pareilles defenses sont faites aux ouvriers, dits rouliers de parcourir les boutiques ou ateliers pour faire des convoncations des ouvriers, et notamment de ceux soit disant garcons du devoir et les detourner de leur travail a peine de huit jours de prison et d’etre poursuivis comme perturbateurs du repos public.

Defenses sont encore faites aux ouvriers, de quelque profession qu’ils soient, de se coaliser pour exiger des citoyens patentes, chez lesquels ils travaillent, des conventions generales.

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