haut, en direct et en couleurs…

Kumiko se rappela la longue cicatrice.

— Alors, j’ai decroche. Il y a cinq ans, et ca faisait deja cinq ans de trop.

— T’etais pas si mal. Mais quand meme, « Miss l’Arme-a-l’?il »… Seigneur !

— Me gonfle pas. C’est pas moi qui l’avais trouvee, celle-la.

— Bien sur, bien sur. Alors, parle-moi plutot de notre copine, la-haut, comment elle arrive dans cette histoire.

— Par Swain. Roger Swain. Nous expedie un de ses garcons au casino, un soi-disant dur, un nomme Prior. Il y a peut-etre un mois.

— Swain le fourgue ? A Londres ?

— Eh, oui ! Donc, ce Prior arrive avec un cadeau pour moi, pres d’un metre de liasse d’imprimante. Une liste. Des noms, des dates, des lieux.

— Serieux ?

— La totale. Des trucs que j’avais presque oublies.

— La passe sur Lumierrante ?

— Tout, j’te dis. Alors, je fais ma valise, je retourne a Londres, et je tombe sur Swain. Il etait desole, c’etait pas de sa faute, mais il fallait qu’il me coince. Parce que quelqu’un le coincait egalement. Lui aussi avait son metre de liasse d’imprimante accroche aux basques.

Kumiko entendit les talons de Sally racler le pave.

— Qu’est-ce qu’il veut au juste ?

— Enlever un corps mur et chaud, une celebrite.

— Pourquoi toi, specialement ?

— Allons, Finnois. C’est justement ce que je suis venue te demander.

— Swain t’a affirme que c’etait 3Jane ?

— Non, mais mon consoliste de Londres l’a confirme.

Kumiko avait mal aux genoux.

— La gosse. Comment t’es tombee dessus ?

— Elle a debarque chez Swain. Yanaka voulait qu’elle quitte Tokyo. Swain lui doit un giri.

— De toute facon, elle est propre, pas d’implants. Aux dernieres nouvelles que j’ai eues de Tokyo, Yanaka aurait les deux mains occupees…

Kumiko frissonna dans le noir.

— Et l’enlevement, ta celebrite ? poursuivit le Finnois.

Kumiko decela chez Sally une hesitation.

— Angela Mitchell, finit-elle par repondre.

Lente oscillation du metronome rose : de gauche a droite, de droite a gauche.

— Fait froid, ici, le Finnois.

— Ouais. J’aimerais bien pouvoir le sentir. Je viens juste de faire un petit tour grace a toi. Dans les Allees de la Memoire. Tu sais au moins d’ou sort Angie ?

— Non.

— Je fais dans les oracles, chou, je suis pas un fichier de recherche… Son pere etait Christopher Mitchell. C’etait le grand ponte en recherche biogicielle chez Maas Biolabs. Elle a grandi dans un de leurs complexes isoles de l’Arizona, prise en charge par l’entreprise. Et puis, il y a sept ans a peu pres, quelque chose est arrive la-bas. On raconte qu’Hosaka aurait engage une equipe de pros pour aider Mitchell a s’offrir de l’avancement. Les jourlex ont dit qu’il s’etait produit une explosion de l’ordre de la megatonne sur le terrain de la Maas mais personne n’a jamais decele la moindre radiation. Personne n’a retrouve non plus les mercenaires d’Hosaka. Maas annonca que Mitchell etait mort, un suicide.

— Ca, c’est le fichier officiel. Que sait l’oracle ?

— Des rumeurs, rien qui tienne debout. Les gens racontent qu’elle est apparue un jour ou deux apres l’explosion en Arizona, qu’elle aurait contacte quelques zigues plutot particuliers qui bossaient avant dans le New Jersey.

— Dans quelle branche ?

— Ils trafiquaient. Dans l’informatique, essentiellement. Acheter, revendre. Parfois, ils achetaient pour moi…

— Qu’est-ce qu’ils avaient de si particulier ?

— Des adeptes du vaudou. Persuades que la matrice etait pleine de mambos, ce genre de conneries… Et t’veux savoir un truc, Moll ?

— Quoi ?

— Ils ont pas tort.

23. MIROIR MIROIR

Elle en sortit comme si quelqu’un venait de basculer un interrupteur.

Sans ouvrir les yeux. Elle pouvait les entendre parler dans une autre piece. Mal partout, mais guere pire qu’avec le wiz. Partie, la mauvaise redescente, ou peut-etre attenuee par ce qu’ils lui avaient refile, ce gaz en atomiseur.

Blouse en papier reche contre ses mamelons ; ils lui donnaient la sensation d’etre gros et sensibles, tout comme ses seins lui paraissaient gonfles. Petits traits de douleur qui lui griffaient le visage, deux elancements sourds dans les orbites, une sensation acre dans la bouche, avec un gout de sang.

— Je n’essaie pas de vous apprendre votre metier, etait en train de dire Gerald (couvrant un bruit de robinet ouvert et de raclements metalliques, comme s’il etait en train de laver des recipients), mais vous vous bercez d’illusions si vous vous imaginez qu’elle abusera quiconque n’a pas envie de se laisser abuser. C’est reellement un travail tout a fait superficiel.

Prior dit quelque chose qu’elle n’arriva pas a saisir.

— J’ai dit superficiel, je n’ai pas dit bacle. Tout cela est du boulot de qualite. Vingt-quatre heures sous stimulateur dermique et vous ne verrez plus trace de son passage ici. Maintenez-la sous antibiotiques et supprimez les excitants ; son systeme immunitaire n’est plus ce qu’il devrait etre, loin de la.

Nouvelle remarque de Prior mais qu’elle ne put mieux saisir.

Ouvrir les yeux, mais il n’y avait que le plafond, des carres blancs de dalles acoustiques. Tourner la tete sur la gauche. Mur de plastique blanc avec une fausse fenetre, une animation en haute resolution representant une plage avec vagues et palmiers ; pour peu qu’on regardat assez longtemps, on voyait les memes vagues rouler, deferler, revenir. Sauf que l’appareil devait etre vieux ou deregle, les vagues avaient une espece d’hesitation et le rouge du crepuscule palpitait comme un tube fluorescent use.

Essaie a droite. Demi-tour, contact du tissu de papier trempe de sueur sur la mousse dure de l’oreiller contre sa nuque…

Et le visage aux yeux tumefies qui la regardait depuis le lit voisin, le nez couvert d’une coquille en plastique transparent fixee par du micropore, avec une espece de gelee marron etalee sur les pommettes…

Angie. C’etait le visage d’Angie, encadre par le crepuscule crachotant que refletait la fenetre dereglee.

— Il n’y a eu aucune intervention sur les os, dit Gerald en retirant delicatement l’adhesif qui maintenait en place la petite coquille en plastique le long de l’arete du nez. C’est toute la beaute de l’intervention. Nous avons aplani une partie des cartilages, en travaillant par l’interieur des narines, avant de passer aux dents. Souriez… Magnifique. Nous avons pratique l’augmentation des seins, reconstitue les mamelons a l’aide de tissu erectile cultive in vitro, puis effectue la coloration des yeux… (Il retira le bandage.) N’y touchez pas pendant encore vingt- quatre heures.

— C’est de la que viennent mes ecchymoses ?

— Non, c’est un traumatisme secondaire du au travail sur les cartilages. (Les doigts de Gerald etaient frais

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