“Yes, let’s,” Hans Castorp repeated, mechanically. They spoke in low tones, covered by the music. “Let us sit here, and look on, as though in a dream. For it is like a dream to me, that we are sitting like this—comme un rêve singulièrement profond, car il faut dormir très profondément pour rêver comme çela. Je veux dire—c’est un rêve bien connu, rêvé de tout temps, long, éternel, oui, être assis près de toi comme à présent, voilà l’éternité.”
“Poète!” she said. “Bourgeois, humaniste, et poète—voilà l’allemand au complet, comme il faut!”
“Je crains que nous ne soyons pas du tout et nullement comme il faut,” he answered. “Sous aucun égard. Nous sommes peut-être des delicate children of life, tout simplement.”
“Joli mot. Dis-moi donc.—Il n’aurait pas été fort difficile de rêver ce rêve-là plus tôt. C’est un peu tard, que monsieur se résout d’adresser la parole à son humble servante.”
“Pourquoi des paroles?” he said. “Pourquoi parler? Parler, discourir, c’est une chose bien républicaine, je le concède. Mais je doute, que ce soit poétique au même degré. Un de nos pensionnaires, qui est un peu devenu mon ami, M. Settembrini—”
“Il vient de te lancer quelques paroles.”
“Eh bien, c’est un grand parleur sans doute, il aime même beaucoup à réciter de beaux vers—mais est-ce un poète, cet homme-là?”
“Je regrette sincèrement de n’avoir jamais eu le plaisir de faire la connaissançe de ce chevalier.”
“Je le crois bien.”
“Ah, tu le crois?”
“Comment? C’était une phrase tout-à-fait indifférente, ce que j’ai dit là. Moi, tu le remarques bien, je ne parle guère le français. Pourtant, avec toi je préfère cette langue à la mienne, car pour moi, parler français, c’est parler sans parler, en quelque manière—sans responsabilité, ou comme nous parlons en rêve. Tu comprends?”
“A peu près.”
“Ça suffit.—Parler,” went on Hans Castorp, “pauvre affaire! Dans l’éternité, on ne parle point. Dans l’éternité, tu sais, on fait comme en dessinant un petit cochon: on penche la tête en arrière et on ferme les yeux.”
“Pas mal, ça! Tu es chez toi dans l’éternité, sans aucun doute, tu le connais à fond. Il faut avouer, que tu es un petit rêveur assez curieux.’”
“Et puis,” said Hans Castorp , “si je t’avais parlé plus tôt, il m’aurait fallu te dire ‘vous.’”
“Eh bien, est-ce que tu as l’intention de me tutoyer pour toujours?”
“Mais oui. Je t’ai tutoyé de tout temps et je te tutoierai éternellement.”
“C’est un peu fort, par exemple. En tout cas, tu n’auras pas trop longtemps l’occasion de me dire ‘tu.’ Je vais partir.”
It took time for the words to penetrate his consciousness. Then he started up, staring about him as though roused out of a dream. The conversation had proceeded rather slowly, for Hans Castorp spoke French uneasily, feeling for the sense. The piano had been silent awhile, now it sounded again, under the hands of the man from Mannheim, who had relieved the Slavic youth. He put some music in place, and Fräulein Engelhart sat down beside him to turn the leaves. The party was thinning out; many of the guests had presumably taken up the horizontal. From where they sat they could see no one; but there were players at the card-tables in the writing-room.
“You are going to—what?” Hans Castorp asked, quite dashed.
“I am going away,” she repeated, smiling with pretended surprise at his discomfiture.
“Impossible,” he said. “You are jesting.”
“Not at all. I am perfectly serious. I am leaving.”
“When?”
“Tomorrow. Après dîner.”
There took place within him a feeling of general collapse. He said: “Where?”
“Far away.”
“To Daghestan?”
“Tu n’es pas mal instruit. Peut-être, pour le moment—”
“Are you cured, then?”
“Quant à ça—non. But Behrens thinks there is not greatly more to be gained here, for the present. C’est pourquoi je vais risquer un petit changement d’air.”
“Then you are coming back!”
“That is the question. Or, rather, the question is when. Quant à moi, tu sais, j’aime la liberté avant tout et notamment celle de choisir mon domicile. Tu ne comprends guère ce que c’est: d’être obsédé d’indépendance. C’est de ma race, peut-être.”
“Et ton mari au Daghestan te l’accorde—ta liberté?”
“C’est la maladie qui me la rend. Me voilà à cet endroit pour la troisième fois. J’ai passé un an ici, cette fois. Possible que je revienne. Mais alors tu seras bien loin depuis longtemps.”
“You think so, Clavdia?”
“Mon prénom aussi! Vraiment tu les prends bien au sérieux, les coutumes du carnaval!”
“Then you know about my case too?”
“Oui—non—comme on sait ces choses ici. Tu as une petite tache humide là dedans et un peu de fièvre, n’est-ce pas?”
“Trente-sept et huit ou neuf l’après-midi,” said Hans Castorp. “And you?”
“Oh, mon cas, tu sais, c’est un peu plus compliqué—pas tout-à-fait simple.”
“Il y a quelque chose dans cette branche de lettres humaines dite la médecine,” Hans Castorp said, “qu’on appelle bouchement tuberculeux des vases de lymphe.”
“Ah! Tu as mouchardé, mon cher, on le voit bien.”
“Et toi—forgive me! Let me ask you a question—ask it in all earnestness: six months ago, when I left the
