Sait-elle qu'elle m'est non seulement destinйe, mais bien prйdestinйe et que toutes les йpreuves par lesquelles l'on me fait passer sont autant de prйcautions inutiles. (Je m'йtonne fort qu'eux qui ont tant de piйtй s'imaginent pouvoir rйsister а ce qui est йcrit lа-haut).
Allons au fait, mon incomparable des incomparables, et puisque l'orgueil est un crime, qu'on m'arrache les yeux comme а un autre +dipe, mais qu'elle, elle me serve d'Antigone, que je sente son haleine, que sa voix vienne souvent retentir а mes oreilles, que sa touche йlйgante et facile fasse vibrer le piano forte en s'accompagnant elle-mкme pour n'кtre point esclave d'un accompagnateur. Quel chant cela doit кtre que son chant, car dans le son de sa voix il y a tout autant d'expression que dans sa tenue, sa dйmarche, enfin son angйlique physionomie. Il ne lui manque que d'avoir vu, connu et entendu ********.
Qu'elle se presse de choisir et de se fixer, la jeunesse comme la gentillesse [sont] passent comme la rosйe du matin. Dites-lui qu'un ami aimant, tendre, dйvouй, capable de la conduire dans le monde vaut bien un ami aimй.
La douceur d'aimer, mon incomparable des incomparables, est sans doute plus grande que celle d'кtre aimй, voilа probablement pourquoi on nous a mis tous les deux au rйgime, car nos aоnйs savent que le mal est contagieux. Hйlas! c'est pourquoi on me sиvre de sa prйsence.
Ma bien-aimйe n'ose plus lever les yeux sur moi; elle les baisse mкme en me rencontrant. Qu'elle a de charme en les baissant. (Le dernier dimanche de Подновинска je voulais passer sans la saluer, как вдруг моя возлюбленная устремила свой прекрасный взор, лице и всю головку с живейшим изъяснением чего-то единственного и удивления, что я проходил не поклонясь. Я, подумавши, отвесил свой поклон и надеюсь, что в моем поклоне было нечто за меня предстательствующее). Enfin il est dit que quoi qu'elle fasse il est impossible qu'elle me devienne indiffйrente.
Que je me suis senti reconnaissant pour ce signe enchanteur de [piйtй] compassion. Que la volontй du pиre soit donc faite. [Que l'exemple de mon Idole soit donc fait] Que l'exemple de mon Idole soit ma suprкme loi. - Plus вgй, je suis honteux de m'кtre laissй surpasser en raison [par] et en modйration par une jeune personne de 17 ans. Que l'on dise а prйsent que les jeunes personnes ne sont pas prйcisйment celles sur lesquelles l'on puisse compter le plus. Quelle perspective de sйcuritй et de bonheur pour l'heureux mortel qui l'obtiendra de son pиre.
Un russe de qualitй refuser sa fille а un autre russe de qualitй. Un Ouschakoff а un Lapteff, quand ces deux noms с испокон веку sont une seule et mкme chose, sont identiques. Sans doute j'ai tort de ne m'кtre point adressй а l'auteur des jours de Благое Сокровище, Таинство всем Таинствам, Невеста неневестная, mais aussi je me sens capable de m'amender et je jure par tout ce qu'il y a de plus cher au monde, par Zoй mou sas agapo que bien loin de la dйtourner de ses devoirs je saurais l'y raffermir.
Plus l'emploi que je prends sur moi est difficile, plus il est digne de moi. Je suis prкt а devenir son lecteur, son bibliothйcaire, sa Vsadnik, son йcuyer, le tout pour la servir sans en attendre ni oui, ni non.
Que l'on passe l'йponge sur tout ce qui s'est passй, qu'une nouvelle иre recommence, que l'on soit persuadй que si on me la confie pour un [long] voyage de long haleine, je veillerai sur elle comme sur la prune le de mes yeux, que pour mieux la dйfendre je me mettrai incessamment а rйapprendre а tirer les armes, йtant persuadй qu'elle-mкme y prendra une part active et qu'elle ne se laissera pas prendre toute vive en temps et lieu, que je parerai les coups qui lui seront portйs et que l'on me verra plutфt affronter mille morts que de la cйder. Ma santй exigeant que je dois absolument me fier а mon expйrience des eaux de Wisbaden que j'ai а m'y rendre le plutфt possible, il serait fort а dйsirer que l'on nous mariвt secrиtement, pour me faire jouer ce rфle par intйrim en attendant qu'il se prйsente quelqu'un digne de l'affection d'une telle crйature. Dans ce cas nous pourrions nous mettre en route et il est possible qu'en voyageant mes amours, me connaissant mieux, consente а me prendre tout de bon, alors nous nous arrкterions chez quelque bon curй pour subir le restant de la cйrйmonie, sanctionnant le mariage tout de bon sans nulle omission. Adieu donc.
P. S. Il y a trois ou quatre jours que j'йtais gai comme un pinson et je sautais de joie comme un autre Archymиde. Je ne me possйdais pas de joie en pensant а un moyen tout simple fait pour avancer nos affaires sans retards ni remises. C'est bien, mon illustre, de courir les chances des armes et au lieu de serrer le bouton а un innocent de mettre le pиre au pied du mur et la fille au pied du lit, car tous deux ont trop а se reprocher envers nous deux, surtout envers moi, pour leur passer toutes leurs irrйsolutions, simagrйes>, mignardises etc. - Citoyen, aux armes, trкve aux poursuites, trкve aux procйdйs dйlicats, aux armes, citoyen, il est temps de terminer.
411. П. Я. Чаадаев - Пушкину. Март - апрель 1829 г. Москва.
Mon v-u le plus ardent, mon ami, est de vous voir initiй au mystиre du temps. Il n'y a pas de spectacle plus affligeant dans le monde moral que celui d'un homme de gйnie mйconnaissant son siиcle et sa mission. Quand on voit celui qui doit dominer les esprits, se laisser dominer lui-mкme par les habitudes et les routines de la populace, on se sent soi- mкme arrкtй dans sa marche: on se dit, pourquoi cet homme m'empкche-t-il de marcher, lui qui doit me conduire? C'est vraiment ce qui m'arrive, toutes les fois que je songe а Vous, et j'y songe si souvent que j'en suis tout fatiguй. Laissez-moi donc marcher, je vous prie. Si vous n'avez pas la patience de Vous instruire de ce qui se passe dans le monde, rentrez en vous-mкme et tirez de votre propre intйrieur la lumiиre qui se trouve inmanquablement dans toute вme faite comme la vфtre. Je suis convaincu que vous pouvez faire un bien infini а cette pauvre Russie йgarйe sur la terre. Ne trompez pas votre destinйe, mon ami. Depuis quelque temps on lit le russe partout; vous savez que M. Boulgarine a йtй traduit, et placй а la suite de M. de Joui; quant а vous, il n'y a pas de cahier de la Revue oщ il ne s'agisse de vous ; je trouve le nom de mon ami Goulianof prononcй avec respect dans un gros volume, et le fameux Klaproth lui dйcer- nant une couronne Egyptienne; je crois vraiment qu'il a fait chanceler les pyramides sur leurs bases. Voyez ce que vous pouvez Vous faire de gloire. Jetiez, un cri vers le ciel, - il vous rйpondra.
Je vous dis tout cela, comme vous voyez, а l'occasion d'un livre que je vous envoie. Comme il y a lа un peu de tout, il rйveillera peut-кtre en vous quelques bonnes idйes. Bonjour, mon ami. Je vous dis comme ce Mahomet disait а ses Arabes, - ah si vous saviez!
Адрес: Monsieur Pouchkine.
412. И. А. Яковлеву. Вторая половина марта - апрель 1829 г.(?) Москва.
Любезный Иван Алексеевич.
Тяжело мне быть перед тобою виноватым, тяжело и извиняться, тем более, что знаю твою delicacy of gentlemen. Ты едешь на днях, а я вс еще в долгу. Должники мои мне не платят, и дай бог, чтобы они вовсе не были банкроты, а я (между нами) проиграл уже около 20 т.<ысяч>. Во всяком случае ты первый получишь свои деньги. Надеюсь еще их заплатить перед твоим отъездом. Не то позволь вручить их Алексею Ивановичу, твоему батюшке; а ты предупреди, сделай милость, что эти 6 т.<ысяч> даны тобою мне в займы. В конце мая и в начале июня денег у меня будет кучка, но покамест я на мели и карабкаюсь.
Весь твой А. П.
Адрес: Его высокоблагородию м. г. Ивану Алексеевичу Яковлеву.
413. H. И. Гончаровой. 1 мая 1829 г. Москва.
C'est а genoux, c'est en versant des larmes de reconnaissance que l'aurais dы Vous йcrire, а prйsent que le Comte Tolstoy m'a rapportй Votre rйponse: cette rйponse n'est pas un refus, Vous me permettez l'espйrance. Cependant si je murmure encore, si de la tristesse et de l'amertume se mкlent а des sentiments de bonheur, ne m'accusez point d'ingratitude; je conзois la prudence et la tendresse d'une Mиre! - Mais pardonnez а l'impatience d'un c-ur malade et
Daignez, Madame, accepter l'hommage de ma profonde considйration
Pouchkine.
1r Mai
1829.
414. Б. Г. Чиляеву. 24 мая 1829 г. Коби. (Черновое)
Несколько путеше<ственников> след<ующих> по каз.<енной> надоб.<ности> находятся здесь в самом затрудн<ительном> положе<нии> и зная по слухам Вашу снисходитель[ность], решились прибегнуть к Вашему покрови<тельству>.
Сделайте милость послать к старш<ине> ароб<щиков>. О сем просят убедительнейше арт<иллерии> под<полковник> Бауман, гр.<аф> Му.<син>Пушкин и я.
Прими<те>
415. Ф. И. Толстому. 27 мая - 10 июня 1829 г. Тифлис. (Черновое)
Сей час узнаю, что было здесь на мое имя письмо, полагаю, любезный граф, что от тебя. Крайне жалею, что оно уже отпра<влено> в дей<ствующий> отря<д>, куда еще я не так легко и не так скоро попаду - делать нечего. Путешествие мое было довольно скучно. Начать, что поехав на Орел а не прямо на Воро<неж>, сделал я около 200 <верст лишних>, зато видел Ермо<лова>. Хоть ты его не очень жалуешь, принуж<ден> я тебе сказать, что я нашел в нем разительное сходство с тобою не только в обороте мыслей и во мнениях,