Du coup, l'homme dispose de plus en plus de temps libre pour penser. Et quand l'homme pense, il se pose des questions.
A l'aube de ce troisieme millenaire les chances de faire grimper la conscience de l'humanite n'ont jamais ete aussi belles. Jadis, dans la Grece antique par exemple, n'etaient estimes que les «citoyens», c'est-a-dire les personnes libres ou affranchies. Etaient donc exclus les etrangers et les esclaves. Et puis, peu a peu, tous ces «marginaux» ont eu droit de cite.
44. ENCYCLOPEDIE
TOLERANCE: Chaque fois que les humains elargissent leur concept de «congeneres» pour y inclure des categories nouvelles, c'est qu'ils considerent que des etres estimes jusque-la inferieurs sont en fait suffisamment semblables a eux pour etre dignes de leur compassion. Des lors ce ne sont pas seulement
Edmond Wells,
45. LES BONS ET LES MECHANTS
La sphere des humains… Je comprends que c'est ici que retournent nos ?ufs chaque fois qu'ils repartent vers le nord-est. Je comprends qu'a etre ainsi agglutinees, les ames deteignent les unes sur les autres et s'harmonisent entre elles. D'ou la fameuse phrase dont Edmond Wells me rebat les oreilles: «Il suffit qu'une ame s'eleve pour que s'eleve l'ensemble de l'humanite.» Serait-ce la la fameuse «noosphere» de Teil-hard de Chardin, la ou se melent toutes les consciences des hommes?
— Mais si nous, les anges, nous ne faisions rien, est-ce qu'ils evolueraient tout seuls? demande inopinement Raoul.
— Nous sommes les bergers qui regroupons le troupeau dans la bonne direction. Mais c'est sur, grace a l'action passee des anges, ils sont deja dans la bonne direction.
— Alors, dans ce cas, on pourrait peut-etre les laisser…
Edmond ne se donne meme pas la peine de relever la remarque. Raoul insiste:
— Et pour nous, quel est le prochain degre d'evolution? Le monde des dieux?
Edmond Wells hausse les sourcils.
— Vous me faites rire, vous, les jeunes anges. Vous voulez tout savoir tout de suite. Vous ne parvenez pas a vous depetrer de vos vieilles habitudes d'humains. Mais regardez attentivement vos ?ufs et vous vous rendrez compte de tous ces residus d'habitudes de mortels qui vous encombrent encore et vous alourdissent. Au lieu de rabacher des questions d'humains, conduisez-vous en anges!
La-dessus, au comble de l'exasperation, notre mentor nous tourne le dos et s'en va a grands pas. Il court vers Mere Teresa pour la chapitrer. Du peu que j'entends d'ici, Mere Teresa compte parmi ses clients un chef d'Etat auquel elle ne cesse de suggerer d'augmenter les taxes sur les grandes fortunes. Edmond Wells lui martele que ce n'est pas en brimant les riches qu'on rend les pauvres plus heureux.
Je m'approche pour mieux entendre.
— Chere Mere Teresa, par moments, vos raisonnements sont par trop simplistes. Comme le disait un de mes amis, «il ne suffit pas de reussir, il faut egalement jouir du plaisir de voir les autres echouer». Lui plaisantait, mais vous, vous partagez vraiment cette opinion. Vous etes persuadee que la misere d'un humain lui sera plus supportable si l'humanite tout entiere connait le meme sort. Le but est, au contraire, que tous les humains soient riches!
Mere Teresa affiche une expression d'eleve butee convaincue, quoi qu'il en soit, d'avoir raison.
Pour ma part, je pense que Mere Teresa, ayant toujours vecu parmi les indigents, est tentee de reproduire son ancien environnement afin d'y retrouver ses reperes. Les pauvres, elle les a toujours connus. Les riches, c'est beaucoup plus complique. La sainte femme s'est trouvee contrainte de s'interesser aux cours de la Bourse, aux aleas de la mode, aux diners en ville, aux restaurants en vogue, aux depressions nerveuses, a l'alcoolisme mondain, a l'adultere, a la thalassotherapie, bref, a tous les tracas des riches.
Mere Teresa ecoute les remontrances d'Edmond Wells, reflechit de mauvais gre et annonce:
— Je devrais peut-etre inciter mon president a lancer une campagne de regulation des naissances dans les quartiers defavorises. Ne faites que les enfants dont vous etes capables de vous occuper sinon ils sombreront dans la drogue et la delinquance. C'est ca que vous voulez?
— Essayez toujours, soupire Edmond Wells. C'est deja mieux.
Je trouve que notre instructeur est quand meme un pedagogue tres patient. A sa maniere, il respecte le… libre arbitre des anges.
Raoul etend ses bras vers l'horizon et s'envole. Je le suis.
— Edmond Wells sait ce que sont les 7. Il sait forcement ce qu'il y a au-dessus de nous.
— Il ne nous dira rien, tu as deja vu ses reactions, dis-je.
— Lui restera toujours bouche cousue. Mais il y a son livre…
— Quel livre?
— Son
— Ou veux-tu en venir?
Mon ami fait un looping puis revient planer a mes cotes.
— Edmond Wells tient tellement a repandre sa science qu'il a forcement cherche un moyen de materialiser son quatrieme tome a l'instar des trois precedents.
— Edmond Wells ne dispose plus de crayon, de stylo, de machine a ecrire ni d'ordinateur. Il peut accumuler toutes les informations qu'il voudra, elles reste ront a jamais dans l'ether.
Ce ne sont pas la arguments a arreter Raoul.
— Tu ne le crois quand meme pas assez fou pour inscrire les grands secrets du Paradis dans quelque manuscrit materiel dissimule quelque part sur la Terre?
Raoul reste imperturbable.
— Tu te souviens de ce passage de
dit: «Desormais tous les secrets peuvent etre exposes au grand public. Car il nous faut nous rendre a l'evidence: ne comprennent que ceux qui ont envie de comprendre.»
Nous tournoyons au-dessus du Paradis.
— Tous les secrets SAUF celui des 7! On ne peut quand meme pas imaginer qu'Edmond Wells ait confie a un humain medium, sur Terre, les arcanes du Paradis pour que celui-ci les retranscrive dans un livre…
Mon ami affiche un air ravi, comme s'il attendait que je prononce ces mots.
— Qui sait?
46. ENCYCLOPEDIE
LA FIN DES ESOTERISMES: Jadis, ceux qui avaient acces a des connaissances fondamentales sur
