Cette simple besogne aurait pris pas mal de temps, si le mecanicien Taron n’avait pas eu l’idee d’employer un chariot automatique. On put de cette maniere voiturer les huit eclaireurs jusqu’a leurs couchettes : il etait temps de se reposer, pour eviter que la surtension de l’organisme inadapte aux conditions nouvelles ne se changeat en maladie. A ce moment critique, chaque membre « de l’expedition etait irremplacable.
Deux vehicules automatiques accouples, pour les transports de toute sorte et les travaux publics, nivelerent bientot le chemin entre les astronefs. De gros cables furent tendus de part et d’autre de la route. On erigea aupres des deux vaisseaux des miradors a cloche epaisse en silicobore18, ou se tenaient des observateurs armes de chambres pulsatives qui envoyaient de temps a autre, le long du chemin, des faisceaux de rayons mortels. La vive lumiere des projecteurs ne s’eteignait pas un instant. Dans la carene de la
Les hommes s’accoutumaient peu a peu aux « squelettes» d’acier et a la force de pesanteur presque triple. Les douleurs intolerables qui leur avaient tenaille les os au debut faiblissaient.
Plusieurs jours terrestres s’ecoulerent. Le « rien » mysterieux ne se montrait pas. La temperature ambiante baissait rapidement. Un ouragan s’eleva, s’accrut d’heure en heure. C’etait le soleil noir qui se couchait : la rotation de la planete amenait du cote « nocturne » le continent ou se trouvaient les astronefs. Les courants de convection, la restitution de chaleur par l’ocean et l’epaisse enveloppe atmospherique amortissaient l’ecart de temperature ; neanmoins, vers le milieu de la « nuit » planetaire, le froid devint intense. On poursuivit les travaux en prenant soin de brancher les dispositifs thermogenes des scaphandres. Comme on avait transporte vers la Tuntra le premier container descendu de la
Erg Noor donna l’ordre a ses hommes de se refugier dans le vaisseau.
— Et l’observateur qui est reste la-bas ! s’ecria Bina Led en montrant le feu presque imperceptible du mirador.
— Oui, il y a Niza, j’y vais, repondit Erg Noor.
— Le courant est coupe, le « rien » entre dans ses droits, objecta serieusement Bina.
— Si l’ouragan agit sur nous, il doit en faire autant pour le « rien ». Je suis sur qu’il n’y a aucun danger jusqu’a la fin de la tempete. Quant a moi, je suis trop lourd ici pour que le vent m’emporte, si je rampe plaque au sol ... Il y a longtemps que j’ai envie de surprendre ce « rien » du haut du mirador !
— Permettez que je voifs accompagne ? fit le biologiste en le rattrapant d’un bond.
— Venez, vous et personne d’autre. C’est de votre ressort.
Ils ramperent longuement, en s’accrochant aux asperites et aux fissures des rochers et louvoyant entre les tourbillons. L’ouragan s’efforcait de les arracher au sol, de les retourner, de les rouler au loin. Il y reussit une fois, mais Erg Noor saisit Eon et se coucha sur lui a plat ventre, cramponne de ses gants griffus aux bords d’un roc ...
Niza ouvrit le portillon du mirador et les rampeurs s’y glisserent l’un apres l’autre. Pas un souffle a l’interieur, la tou relie tenait bon, dument consolidee en prevision des tempetes. La jeune astronavigatrice froncait les sourcils, tout en se rejouissant de la venue de ses compagnons. Elle avoua que la perspective de passer la journee en tete a tete avec Tintent perie ne lui souriait guere, Erg Noor annonca a bord de la
logiste s’installerent a ses pieds, sur la saillie annulaire du soubassement. Epaissis par les scaphandres, ils occupaient presque toute la place disponible.
— Dormons un peu, dit au telephone la voix basse d’Erg Noor. L’aube noire qui ramene le calme et la chaleur, ne viendra pas avant douze heures.
Ses compagnons acquiescerent. Ils dormirent accables par la triple pesanteur, recroquevilles dans les scaphandres dont les carcasses dures leur comprimaient le corps, a l’etroit dans la tourelle ebranlee par la tempete
Niza s’eveillait de temps a autre pour communiquer a l’homme de service de la Tantta des nouvelles rassurantes et s’assoupissait de nouveau. L’ouragan tombait a vue d’?iL, les secousses du sol avaient cesse. Le « rien », ou plutot le « quelque chose » pouvait apparaitre maintenant. Les observateurs prirent des PA — pilules d’attention — pour reconforter leur systeme nerveux deprime.
— L’astronef etranger me preoccupe sans treve, avoua Niza. Je brule de savoir ce qu’ils sont, d’oadls vieneont,- eom-rHent ils sont arrives ici ...
— Moi de meme, repondit Erg Noor. Mailla presence de l’engin s’explique facilement ... Voici longtemps qu’on transmet par le Grand Anneau des recits sur les etoiles de fer, et leurs redoutables planetes. Dans les parties les plus peuplees de la Galaxie, ou les astronefs volent depuis des millenaires, il existe des planetes d’astronefs perdus. Que de vaisseaux, surtout anciens, ont adhere a ces corps celestes, que d’histoires angoissantes courent sur leur compte, devenues aujourd’hui presque des legebdes de la rude conquete du Cosmos. Peut-etre y a-t-il ici des astronefs encore plus vieux, bien que dans notre zone, ou la vie est rare, la rencontre de trojs vaisseaux soit un evenement tout a fait exceptionnel. On ne connaissait jusqu’ici aucune etoile de fer au voisinage du Soleil, nous avons decouvert la premiere ...
— Vous comptez explorer l’astronef discoide ? s’enquit le biologiste.
— Mais oui ! Ce serait impardonnable pour un savant de manquer une occasion pareille. On n’a jamais