apparence, le projet sera refuse !

— Les debats ont ete longs ! fit observer Ren Boz.

— La contradiction est flagrante, declara Dar Veter. D’une part, la facilite seduisante de l’enregistrement, de l’autre, la difficulte de la lecture ...

Le speaker continuait :

— Le message d’hier se confirme : la trente-septieme expedition astrale a parle. Ils reviennent ...

Dar Veter se figea, etourdi par la violence du conflit interieur. Il vit du coin de l’?il Veda qui se levait lentement, les yeux de plus en plus dilates. L’ouie aiguisee de Dar Veter percut la respiration haletante de la jeune femme.

— ... du cote du carre 401, et l’astronef vient de sortir du, champ negatif, a un centieme de parsec de l’orbite de Neptune. Le retard de l’expedition est du a la rencontre d’un soleil noir. Pas de pertes en hommes ! La vitesse du vaisseau, conclut le speaker, est d’environ cinq sixiemes de l’unite absolue. On l’attend a la station de Triton, dans onze jours ! ... Vous serez bientot renseignes sur des decouvertes remarquables !

La transmission continuait. Mais personne n’ecoutait les autres nouvelles. On entourait Veda, on la felicitait. Elle souriait, les joues en feu, une inquietude cachee au fond des yeux. Dar Veter s’etait approche a son tour. Veda sentit la pression ferme de sa main devenue chere et indispensable, elle rencontra un regard franc. Il y avait longtemps qu’il ne l’avait plus regardee ainsi ; elle connaissait la cranerie melancolique qui percait dans son ancienne attitude envers elle, et elle savait qu’a l’heure actuelle il ne lisait pas seulement la joie sur son visage ...

Dar Veter lacha doucement sa main et s’eloigna avec un sourire d’une serenite inimitable. Les camarades discutaient vivement l’information. Veda, restee au milieu du groupe, observait Dar Veter a la derobee. Elle vit Evda Nal qui l’abordait, rejointe l’instant d’apres par Ren Boz.

— A propos, il faut trouver Mven Mas, il ne sait rien encore ! s’ecria Dar Veter. Venez avec moi, Evda Nal. Vous aussi, Ren Boz ?

— Et moi, fit Tchara Nandi, en s’avancant, puis-je vous accompagner ?

Ils sortirent vers le doux clapotis des vagues. Dar Veter s’arreta, exposant sa figure a la brise, et poussa un grand soupir. S’etant retourne, il croisa le regard d’Evda Nal.

— Je pars sur-le-champ, repondit-il a sa question muette. Evda Nal lui prit le bras. On marcha quelque temps en silence.

— Je me demandais si s’etait le meilleur parti ? chuchota-t-elile. Oui, sans doute, vous devez avoir raison. Si Veda ... Elle n’acheva pas, mais Dar Veter lui serra les mains d’un air entendu et les pressa contre sa joue. Ren Boz et Tchara leur emboitaient le pas ; le physicien s’ecartait prudemment de sa voisine, qui, dissimulant un sourire narquois, le regardait en biais de ses yeux immenses. Evda eut un petit rire et offrit a Ren Boz son bras libre. Il s’y cramponna d’un geste rapace qui paraissait comique chez ce timide.

— Ou chercherons-nous votre ami ?

Tchara s’etait arretee au bord de l’eau. Dar Veter distingua au clair de lune des empreintes humaines sur le sable mouille. Elles etaient regulierement espacees et symetriques au point qu’on les eut attribuees a une machine.

— Il est alle par la.

Dar Veter indiqua la direction des grands rochers.

— Oui, ce sont ses traces, confirma Evda.

— D’ou le savez-vous ? questionna Tchara, sceptique.

— Voyez la regularite de cette demarche : c’est celle des chasseurs primitifs ... ou de leurs descendants. Or, il me semble que Mven, malgre son instruction, est plus pres de la nature que nous autres ... Vous aussi, peut-etre, Tchara ?

Evda s’etait tournee vers la jeune fille.

— Moi ? Oh ! non. Et tendant le bras, elle s’ecria : le voici !

Sur un rocher du voisinage, la puissante silhouette de l’Africain se dressa, brillant au clair de lune, telle une statue de marbre noir. Mven Mas gesticulait energiquement comme s’il menacait quelqu’un. Les muscles gonfles de son corps d’athlete roulaient sous la peau luisante.

— On croirait le genie de la nuit des contes de fees ! chuchota Tchara, emue. Mven Mas les avait apercus ; il sauta du rocher et reparut habille. Quand Dar Veter lui eut conte en peu de mots la nouvelle, il voulut voir aussitot Veda Kong.

— Allez-y avec Tchara, dit Evda, nous resterons ici un moment ...

Dar Veter esquissa un salut que l’Africain comprit. Une impulsion subite lui fit murmurer des paroles d’adieu desuetes. Dar Veter, touche, s’eloigna, pensif, en compagnie de la silencieuse Evda. Ren Boz pietina sur place d’un air embarrasse et suivit Mven Mas et Tchara Nandi ...

Dar Veter et Evda atteignirent le cap qui separait le golfe de la haute mer. Les feux en bordure des vastes radeaux circulaires de l’expedition maritime se voyaient nettement.

Dar Veter poussa dans l’eau un canot translucide et se campa devant Evda, encore plus massif et plus vigoureux que Mven Mas. Haussee sur la pointe des pieds, elle embrassa l’ami qui partait.

— Veter, je ne quitterai pas Veda, promit-elle, repondant a ses pensees. Nous retournerons ensemble dans notre zone pour attendre l’arrivee des astronautes ... Quand vous serez etabli, faites-le-moi savoir, je serai toujours heureuse de vous etre utile ...

Evda suivit longuement des yeux le oanot sur la mer argentee.

Dar Veter gagna le second radeau ou les mecaniciens travaillaient encore, presses d’achever l’installation des accumulateurs. Sur la demande de Dar Veter, ils allumerent trois feux verts en triangle. Au bout d’une heure et demie, le premier spiroptere de passage stoppa au-dessus du radeau, dans un grondement de moteurs qui se

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