donc ? Les D-processus, la structure electronique  … Quelques isoles s’occupaient des espaces conjuges, et encore, sur le papier. Tandis que maintenant  … Maintenant, avec la physique discontinue, la theorie de la transsudation, le subespace, c’est une epoque demente 1 Par Arc-en-ciel ! Tous ces problemes-zero ! Un gosse sans l’ombre d’un poil sur le visage, un laborantin aux jambes maigrelettes, pour n’importe quelle experience a la gomme a besoin de milliers de megawatts, du nec plus ultra en fait de materiel, equipement impossible a fabriquer sur l’Arc-en-ciel et qui, par-dessus le marche, se deteriore apres chaque experience  … Vous, vous nous avez apporte une centaine d’ulmotrons. Merci. Mais c’est de six cents que nous avons besoin ! Quant a l’energie  … L’energie ! Ou la prendrais-je ? Elle, vous ne nous l’avez pas apportee, que je sache ? Qui plus est, vous en avez besoin vous- memes. Alors, Kaneko et moi, nous demandons a la Machine : « Donne-nous la strategie optimale ! » Et elle, la pauvre, ne fait que baisser les bras  …

La porte s’ouvrit d’un seul coup, et dans la piece entra precipitamment un homme de taille moyenne, fort elegant et tres bien habille. Des especes de bardanes pointaient de ses cheveux noirs et lisses ; son visage immobile exprimait une rage froide, contenue.

— Quand on parle du loup  …, commenca le directeur, l’accueillant d’un geste du bras.

— Je vous prie d’accepter ma demission, dit le nouveau venu d’une voix claire et metallique. Je considere que je ne suis plus capable de travailler avec qui que ce soit, et pour cela je vous demande d’accepter ma demission. Excusez-moi. (Il salua brievement les pilotes interstellaires.) Je suis Kaneko, ingenieur de la plan-energetique de l’Arc-en-ciel. Ex-ingenieur de la plan-energetique.

S’efforcant de se relever vivement et de saluer en meme temps, Gorbovski racla le plancher glissant avec ses chaussures. Ce faisant, il leva son verre de jus au-dessus de sa tete et ressembla a un invite ivre dans le triclinium de Lucullus.

— Par Arc-en-ciel ! dit le directeur, preoccupe. Que se passe-il encore ?

— Il y a une demi-heure, Simeon Galkine et Alexandra Postacheva se sont branches en secret sur la station d’energie de la zone et ont capte toute la reserve des deux jours a venir. (Une crampe traversa le visage de Kaneko.) La Machine est prevue pour des gens honnetes. J’ignore le sous-programme qui tient de l’existence de Galkine et de Postacheva. Le fait est inadmissible en soi, bien que, malheureusement, il n’y ait la rien de nouveau pour nous. Peut-etre aurais-je eu raison d’eux tout seul, mais je ne suis pas un judoka ni un acrobate. Ce n’est pas dans un jardin d’enfants que je travaille. Je ne peux pas admettre qu’on me tende des pieges  … Ils ont camoufle le branchement dans des broussailles derriere le vallon et ont tendu le fil a travers le sentier. Ils savaient tres bien que je devrais courir pour prevenir cette fuite enorme  …

Subitement, il se tut et se mit a retirer nerveusement les bardanes de ses cheveux.

— Ou est Postacheva ? demanda le directeur, dont le visage virait au violet.

Gorbovski se redressa et replia ses jambes sous lui, avec une certaine apprehension. Le visage de Marc traduisait un vif interet pour ce qui se deroulait.

— Postacheva arrive, repondit Kaneko. Comme vous, je suis sur que c’est precisement elle qui a eu l’initiative de cette chose inadmissible. Je l’ai convoquee ici en votre nom.

Matvei approcha de lui le micro de diffusion generale et de sa basse profonde annonca a mi-voix :

— Arc-en-ciel, Arc-en-ciel, votre attention, s’il vous plait ! Ici le directeur. Je suis au courant de l’incident pour la fuite d’energie. Je suis en train de l’etudier.

Il se leva, se dandina vers Kaneko, lui posa la main sur l’epaule et prononca, l’air presque coupable :

— Que faire, mon vieux  … Je te l’avais pourtant dit : l’Arc-en-ciel est devenu fou. Patiente, mon vieux ! Moi aussi, je patiente. Quant a Postacheva, je vais lui passer un sacre savon. Elle va voir ce qu’elle va voir, tu en seras temoin.

— Je comprends, dit Kaneko. Je vous prie de m’excuser : j’etais hors de moi. Avec votre permission, je pars pour le cosmodrome. Apparemment, la chose la plus deplaisante aujourd’hui, c’est la distribution des ulmotrons. Vous etes au courant, un commando est arrive, charge d’ulmotrons.

— Oui, dit le directeur d’un ton penetre. Je suis au courant. Justement  … (indiquant d’un mouvement de son menton carre les pilotes interstellaires), je suis ravi de vous presenter mes amis. Le commandant du Tariel, Leonid Andreievitch Gorbovski et son navigateur Marc Valkenstein.

— Je suis enchante de faire votre connaissance, dit Kaneko, baissant la tete pleine de bardanes.

Marc et Gorbovski inclinerent la tete a leur tour.

— Je vais essayer de reduire les degats de votre vaisseau au minimum, dit Kaneko sans sourire.

Leur tournant le dos, il se dirigea vers la porte.

Gorbovski lui jeta un regard inquiet.

La porte s’ouvrit devant Kaneko et il s’ecarta poliment, cedant le passage. La fille brune du sentier, toujours vetue de son blouson blanc aux boutons arraches, se tenait sur le seuil. Gorbovski remarqua que son short etait brule d’un cote et que de la suie noircissait son bras gauche. Pres d’elle, dans son elegance impeccable, Kaneko paraissait un visiteur venu d’un futur lointain.

— Excusez-moi, je vous prie, dit la brune d’une petite voix de velours. Est-ce que je peux entrer ? Vous m’avez appelee, Matvei Sergueievitch ?

Kaneko regarda ailleurs, la contourna a distance et disparut derriere la porte. Matvei regagna son fauteuil, s’assit et prit appui sur les accoudoirs. Son visage vira de nouveau au violet.

— Tu t’imagines peut-etre, Postacheva, commenca-t-il, a peine audible, que je ne sais pas qui nous a joue tous ces tours ?

Un jeune homme aux joues roses, coiffe d’un beret coquettement mis de cote, apparut sur l’ecran.

— Excusez-moi, Matvei Sergueievitch, dit-il avec un sourire joyeux. Je voudrais vous rappeler qu’il y a deux jeux d’ulmotrons pour nous.

— A chacun son tour, Cari, grogna Matvei.

— C’est nous les premiers, annonca le jeune homme.

— Dans ce cas, vous les recevrez les premiers.

Matvei continuait de regarder Postacheva, conservant son air feroce et inaccessible.

— Excusez-moi encore une fois, Matvei Sergueievitch ; le comportement du groupe de Forster nous preoccupe particulierement. Je les ai vus envoyer leur camion au cosmodrome  …

— Ne vous inquietez pas, Cari, dit Matvei. (Il ne se retint plus et son sourire s’epanouit.) Regarde-moi ca, Leonid ! Il arrive et il moucharde ! Qui ? Hoffman ! Qui moucharde-t-il ? Son maitre, For-ster ! Vous pouvez disposer, Cari ! Tout se passera selon ce qui est ecrit sur ma liste !

— Merci, Matvei Sergueievitch, dit Hoffman. Malaiev et moi, nous comptons beaucoup sur vous.

— Malaiev et lui ! dit le directeur, levant les yeux au plafond.

L’ecran s’eteignit et se ralluma aussitot. Un homme age et maussade, avec des lunettes sombres pourvues d’incomprehensibles dispositifs sur la monture, tonna avec humeur :

— Matvei, a propos des ulmotrons, je voudrais preciser  …

— Les ulmotrons seront distribues suivant l’ordre figurant sur ma liste, dit Matvei.

La fille brune poussa un soupir langoureux, lanca un regard percant a Marc et s’assit, l’air soumis, sur le bord du fauteuil.

— Nous aussi, bien que nous ne figurions pas sur la liste, nous y avons droit, dit l’homme a lunettes.

— Dans ce cas, vous les aurez en dehors de la liste, dit Matvei. Il existe une liste des « en dehors de la liste », tu y es le huitieme  …

Se penchant gracieusement, la fille brune se mit a examiner le trou dans son short, puis, humectant son doigt, elle enleva la suie de son coude.

— Une petite minute, Postacheva, dit Matvei qui s’approcha du microphone. Arc-en-ciel, Arc-en-ciel, votre attention s’il vous plait ! Ici le directeur. La distribution des ulmotrons arrives par le vaisseau interstellaire Tariel s’effectuera selon les listes ratifiees par le Conseil, et il ne sera fait aucune exception. Eh bien, Postacheva  … Je t’ai convoquee pour te dire que j’en ai assez de toi. J’ai ete gentil  … Oui, oui, j’ai ete patient. J’ai tout supporte. Tu ne peux pas me reprocher d’avoir ete mechant. Mais par Arc-en-ciel ! toute patience a ses limites ! Bref, tu diras a Galkine que je t’ai radiee de ton poste et que je te renvoie sur la Terre par le premier vaisseau.

Les yeux immenses et magnifiques de Postacheva s’emplirent immediatement de larmes. Marc secoua la tete d’un air afflige, le visage de Gorbovski s’attrista. Le directeur, la machoire en avant, regardait Postacheva.

— Il est trop tard pour pleurer, Alexandra, dit-il. C’est avant qu’il fallait pleurer. Avec nous.

Une jolie femme vetue d’une jupe plissee et d’un chemisier leger entra dans le bureau. Ses cheveux etaient

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